CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI: La ligne qui va de Marx à Lénin, à la fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'Italie (Livorno, 1921), à la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénerescence de l?Internationale, contre la théorie du "socialisme dans un seul pays" e la contre-révolution stalinienne, et au refus des froints populaires et des blcs partisans et nationaux; la dure uvre de restauration de la doctrine et de l'organe révolutionnaires au contact de la classe ouvrière, en dehors de la politique personnelle et électoraliste.


S’approchant de la fin du millénaire, le capitali-sme mondial fait ses comptes avec un degré d’incer-titude rarement atteint. La classe bourgeoise, à tra-vers le cortège de ses serviteurs soudoyés qui siègent aux rédactions de la presse démocratique ou encom-brent les couloirs et les fauteuils de ce monument de la phrase creuse qu’est désormais le parlement, ac-centue son offensive sur le plan idéologique et cultu-rel afin d’étayer ensuite son contrôle social, et donc de mieux défendre les bases de sa domination de classe. Les journaux et partis bourgeois passent leur temps à décrire l’histoire du siècle et des personnages qui l’ont caractérisé. Une constante de ce verbiage est l’insistance sur la «mort» du communisme, sur la «tragédie» communiste, sur la conformité ou la mo-dernité de ses «fondateurs», Marx en premier, ce sur quoi ils continuent à pondre des milliers de page pour décréter un requiem qui n’en reste pas moins toujours insuffisant. Cette course à qui célèbre de la manière la plus convaincante l’oraison funèbre du communisme (et donc se pose comme le meilleur laudateur du régime actuel) met en compétition de nombreux concurrents, et il est bien difficile de sa-voir à qui accorder les palmes de l’esclave le plus dili-gent. Quant à nous, qui nous intéressons peu aux marionnettes occasionnelles, trouvons plus utile de chercher les raisons matérielles de ces initiatives de la bourgeoisie et de dénoncer ses objectifs à la classe prolétarienne, à qui ces mêmes initiatives sont d’ail-leurs destinées.

C’est une vieille ritournelle : le capitalisme aurait triomphé du communisme et signé la fin de l’histoi-re, l’économie de marché et le développement du marché mondial s’étant chargés de démentir les pré-visions catastrophiques de Marx et Engels. Prenant comme référence le faux socialisme russe (et ses va-riantes chinoise, cubaine, yougoslave, etc.), elle sou-ligne, par un double saut périlleux de la plus plate tautologie, que les crises qui bouleversent régulière-ment l’économie bourgeoise sont des phénomènes «naturels» liés à son mode d’organisation économi-que et social: le capitalisme n’a-t-il pas résisté à deux guerres mondiales et à des crises économiques d’am-pleur mondiale? En corollaire, les aspirants rebou-teux qui prétendent arranger les affaires» de la classe ouvrière expliquent: l’unique lutte possible est celle pour les réformes, pour l’obtention de postes de re-sponsabilité dans la société bourgeoise, afin de ren-dre cette dernière moins intolérable à travers de con-tinuelles opérations de ravalement d’un édifice dont les fondations sont chaque jour plus pourries. Dans ce même numéro du journal nous expliquons en quoi le communisme est une nécessité historique et non une construction ou une invention de pure volonté d’hommes géniaux. Le communisme est le résultat du développement déterminé par la succes-sion des modes de production que l’humanité a tra-versé au cours de son histoire: de la société sans classe mais limitée dans ses possibilités de développement à la société future sans classes, «enrichie» de la pléni-tude et de l’harmonie d’une production sociale libérée des contradictions apportées par l’appropria-tion privée de la production et le conditionnement de la distribution par l’intermédiation de l’échange mercantile et monétaire.

L’insistance de la bourgeoisie à exorciser conti-nuellement l’aspect déterministe et dialectique du processus du développement historique a sa raison d’être dans son obsession désespérée de conserver les bases de sa domination, fortifiant sans cesse plus ses positions, et désarmant et désorientant constamment le mouvement de la classe destinée à l’abattre, le prolétariat. Elle le détourne de sa direction générale de classe vers des objectifs contingents, locaux et particuliers, l’abaissant de classe pour soi en classe pour d’autres (et surtout pour le capital), la réduisant en un informe amas statique incapable d’assurer une défense cohérente de ses intérêts élémentaires les plus immédiats.

Mais quelles sont les bases de cette terreur de la b o u rgeoisie, en dehors des manifestations ostensibles de foi et d’immortalité, dans sa confrontation avec le spectre du communisme?

Le marxisme a toujours insisté sur les liens existants entre la crise et le développement des antagonismes entre classes et entre états. Les crises économiques de surproduction sont les débouchés inévitables de con-tradictions de fond, implicites dans le système capita-liste, entre l’énorme développement social des forces de production et la permanence du caractère privé de l’appropriation du produit social: cette contradiction se traduit par la loi historique de la baisse tendancielle du taux de profit, et donc (comme nous le rappelons dans un autre article de ce numéro) par la nécessité pour le capitalisme de détruire des biens (par des cri-ses ou par des guerres) pour relancer le processus de valorisation et d’accumulation du capital, afin de con-server la domination politique de la classe bourg e o i s e . Notre théorie a donc toujours souligné que les rela-tions entre économie et politique sont dialectiques et non constituées par une simple transposition mécani-que. Sur le plan théorique – partant de l’évaluation des données objectives du cycle économique et de ses constantes déterminées à la lumière des fondements théoriques du matérialisme dialectique – ceci a permis de prévoir que l’éclatement de la crise au milieu des années 70 (à la fin du cycle d’expansion résultant des destructions de la seconde boucherie mondiale) n’avait pas un caractère conjoncturel mais pouvait être ca-ractérisée de « crise historique ». Ce qui veut dire une crise de la dynamique du processus d’accumulation, dont la perpétuation signifie un approfondissement des contrastes inter-impérialistes et une accélération de l’insécurité matérielle et de développement du chô-magepourlaclasseprolétarienneàl’échellemondiale, même si la rapidité du développement de ces facteurs peut varier en fonction des aires géographiques. Une crise, en d’autres termes, qui, en tant que débouché historique (et donc pas à court terme) ne pouvait ad-mettre que la guerre impérialiste (solution bourg e o i s e qui permet la régénération du cycle d’accumulation) ou la révolution prolétarienne (solution prolétarienne quipermetd’abattrelecapitalismeetd’obtenirlavic-toire dans les centres de l’impérialisme développé, de diriger les mesures de la dictature vers une économie qui, sur la base de la négation des catégories capitali-stes – marchandise, travail salarié, entreprise, mon-naie, etc. – constitue les fondements d’une org a n i s a-tion et d’une administration conscientes des ressources naturelles et des besoins de l’espèce humaine pour la réalisation d’un développement harmonieux). Cette prévision scientifique ne signifiait pas en fait une cor-respondance immédiate entre la courbe de la dynami-que économique et celle de la dynamique sociale et politique, ou encore une superposition mécanique et automatique entre crise économique et révolution. Leur jonction ne devait pas faire perdre de vue com-ment la relation entre structure et superstructure est de nature dialectique, en évitant ainsi d’avoir à pren-dre en compte les réactions de la seconde sur la pre-mière, et devait exiger l’étude et l’évaluation des for-mes de luttes sociales et de luttes politiques entre états. Dans son «Rapport sur la crise économique mondiale et sur les nouveaux devoirs de l’I.C» (effec-tué lors du IIIe Congrès de l’I.C. en Juin 1921) – un des textes auquel la Gauche a toujours accordé une grande considération – Trotsky mettait en évidence les caractéristiques de la position d’équilibre du capi-t a l i s m e .

«L’équilibre capitaliste est un phénomène extrê-mement complexe. Le capitalisme produit cet équi-libre, le brise, le rétablit pour le briser à nouveau, étendant en même temps les limites de sa domina-t i o n .

Dans la sphère économique, ces ruptures conti-nues et ce continuel rétablissement de l’équilibre prenent la forme de crises et de booms. Dans la sphè-re des rapports entre les classes la rupture de l’équili-bre prend la forme de grèves, de lock-out, de luttes révolutionnaires. Dans la sphère des rapports entre Etats la rupture de l’équilibre signifie la guerre: guerre douanière lorsqu’elle est modérée, puis guer-re économique ou de blocs. Le capitalisme est donc caractérisé par un équilibre dynamique, un équilibre toujours en phase de rupture ou de rétablissement».

Il existe une certaine capacité de résistance de la b o u rgeoisie. Elle a sa puissance maximum au niveau politique (c’est à dire sa plus forte concentration de forces idéologiques, répressives et militaires ainsi que de ressources mobilisées dans ce but) dans les moments ou son existence comme classe dominante est menacée par l’éclatement des contradictions éco-nomiques qui minent son pouvoir social. C’est pour-quoi toute «foi dans l’évolution automatique, qui est le trait le plus important et caractéristique de l’op-portunisme» est à rejeter, de même que toute vision unilatérale et fausse de l’invariabilité des causes liant la crise et l’activité révolutionnaire. L’évaluation des conditions économiques, sociales et politiques, et l’a-nalyse scientifique du mécanisme de la transmission de la crise et de son prolongement politique, sont in-dispensables pour pouvoir déterminer le cadre dans lequel l’organe politique de la classe prolétarienne doit et peut agir.

Trotsky met toujours en évidence la combinaison des fluctuations cycliques et du mouvement de ten-dance de la courbe du développement capitaliste. Ce rapport est nécessaire pour confirmer les significa-tions théoriques et pratiques de nos prévisions sur la c r i s e :

«Dans les périodes de rapide développement capi-taliste, les crises sont brèves et ont un caractère su-perficiel, pendant que les booms se prolongent et ac-quièrent des dimensions considérables. Dans les pé-riodes de déclin capitaliste, les crises prennent un ca-ractère prolongé, pendant que les booms sont li-mités, superficiels et spéculatifs. Dans les périodes de stagnation, les fluctuations se produisent entre ces deux pôles».

Quel est aujourd’hui l’état de l’organisme capita-liste, et quelle dynamique pouvons nous attendre des courbes de l’équilibre social et de l’équilibre politi-q u e ?

Il n’y a pas de doute que le pouls de l’économie bourgeoise bat suivant le rythme de sa période de «déclin» (entendu non comme une réduction absolue d’accumulation mais comme décroissance de son rythme d’augmentation): même si les estimations fournies par la bourgeoisie semblent indiquer une «reprise», celle-ci est sujette à de fortes inconnues, et en substance à toutes les tares indiquées dans le texte de Trotsky cité plus haut. La sortie de la crise en Asie est momentanée et ne vient que du gigantisme des destructions réalisées en 18 mois de Juillet 97 à la fin

99. Au Japon la « r e p r i s e » est droguée par 240 mil-liards de dollars de fonds d’intervention publique et par le crédit facile (le taux d’escompte est voisin de 0, le taux décennal est à 2 % contre 6 % aux USA, le montant des financements publics pour la recapitali-sation de 15 des 21 banques nationales se monte à 500 milliards de dollars, les créances douteuses de ces dernières se montant à 1000 milliards de dollars). La production industrielle, après les écroulements de 1992 et de 1997/8 est toujours sous son niveau de 1991 qui constituait son plus haut niveau ; pendant qu’au niveau boursier, les cotations sont toujours inférieures à 50 % de celles de 1989, année précé-dent l’éclatement de la bulle spéculative et année du démarrage de la crise au Japon. Par ailleurs l’excé-dent commercial croissant avec les USA (autre éco-nomie droguée par le crédit facile et le rôle usuraire du dollar) fait augmenter les tensions, et la récente réévaluation du yen – que le gouvernement japonais subit au moins au niveau de sa rapidité et dans ses nombreuses conséquences – est un aspect de l’aigui-sement de la guerre commerciale et financière. L’impérialisme japonais est celui qui a obtenu les meilleurs résultats, en terme de croissance économi-que, jusqu’à indisposer l’impérialisme américain, mais c’est maintenant celui qui paie le plus dure-ment les résultats de la crise. Ces dernières années, à travers le levier du crédit, le Japon a poussé au pa-roxysme le niveau des investissements: il s’est doté de l’appareil de production le plus moderne du mon-de et a utilisé toute la main d’œuvre disponible, ex-torquant ainsi toute la plus-value possible pour ses réinvestissements. Mais tout ce que peut faire le cré-dit est de tendre au maximum l’utilisation des moyens de production existants, et, dans une certaine mesure, la demande solvable à un moment donné, hypothéquant la production et la circulation future. Le crédit, quelque soit son développement, et malgré l’utilisation de techniques modernes pour l’évalua-tion en temps réel de la situation comptable, ne sup-prime pas les contradictions fondamentales de la production capitaliste, c’est à dire le fait que la pro-duction et la circulation des marchandises, ou si l’on veut leur production et leur consommation, sont des moments séparés du processus de valorisation du ca-pital et sont soumis à diverses contraintes. La banque centrale croit contrôler l’économie à travers le con-trôle de l’offre de monnaie. Elle a l’illusion de pou-voir avoir des informations (et un contrôle) sur l’éco-nomie à travers les informations (et le contrôle) sur les agrégats monétaires. Mais aujourd’hui aucune banque centrale, y compris la banque américaine, ne sont en mesure de contrôler la masse de capitaux en circulation – estimée à près de 1500 milliards de dollars par jour – et d’intervenir sur les marchés des prêts et des changes pour les réguler durablement.

Le capital mondial ne peut pas non plus trouver de réconfort dans l’avenir de la Chine (pour rester sur le continent asiatique), comme on peut s’en rendre compte par le ralentissement des investissements étrangers dans le pays, et pendant que les taux de croissance à deux chiffres ne sont plus qu’un rêve (la croissance du PIB est évaluée aujourd’hui à environ 6 % : un résultat très respectable comparé à l’asphyxie générale du capitalisme mondial mais peu significatif compte tenu des problèmes de développement éco-nomique et de contrôle social). La Banque pour le Développement Asiatique à mis en garde contre un enthousiasme excessif concernant le résultat escompté de la crise qui a secoué pratiquement tous les pays de la zone, et dont les cendres continuent à brûler sous le couvert du marché chinois -qui avait précédemment servis de barrière.

Les USA et l’Europe, pour revenir dans la zone des centres impérialistes, marquent le pas: malgré le ré-cent optimisme provenant des statistiques du FMI fin Septembre 99 (qui prévoyait une reprise synchro-nisée de la croissance) les résultats sont obérés par un niveau de 30 % de capacité productive inutilisée et par un niveau de stocks élevé (signe évident de sur-production chronique) qui se reflète par la mollesse des prix à la production et de manière générale sur les flux du commerce mondial réduits de moitié (quant à leur taux de croissance) par rapport à l’année précédente. Les USA, en outre, comme nous l’avons indiqué précédemment, ont drogué leur économie (investissements publics et privés et aussi consom-mation, essentiellement de biens de luxe) par des do-ses massives de crédits et par l’intermédiaire de l’augmentation factice de la bourse. La surévaluation de Wall Street indique l’existence d’une grosse bulle spéculative qui, en éclatant, aura un effet multiplica-teur négatif sur tous les leviers utilisés jusqu’alors pour soutenir la continuation de la hausse ; en fait le crédit a financé le soutient à la croissance du marché des actions (aujourd’hui la capitalisation de Wall Street représente l’équivalent de 150 % du PIB amé-ricain contre 50 % en 1989), alimentant à son tour la croissance du crédit lui-même. Les USA sont par ail-leurs écrasés par un déficit commercial en croissance constante (plus de 250 milliards de dollars, les seuls comptes courants étant estimés à environ 350 mil-liards de dollars) : ils ont tendanciellement besoin d’un dollar fort (en tout cas pas excessivement faible) pour financer par l’afflux de capitaux étrangers le dé-ficit commercial croissant et une dette extérieure globale qui a approché 1250 milliards de dollars en 1998. Le capital financier japonais (qui a engagé le processus de restructuration de son système bancaire et peut compter sur le niveau de réserves le plus élevé du monde) menace de plus en plus la suprématie américaine dans son rôle d’usurier mondial et com-mence à se doter d’une structure de forces militaires correspondant plus à ses exigences.

Le capitalisme mondial ne peut sortir de la crise que par une politique de réarmement et d’augmen-tation de la militarisation de l’économie. C’est déjà ce qu’ont commencé à faire les USA et le Japon avec la relance des «programmes de défense de missiles de théâtre d’opérations» (Theatre Missile Defense, T.M.D) en Asie et la reprise, revue et corrigée en fonction des exigences actuelles, du Reagannien projet de missiles anti-missiles. Le processus de réor-ganisation et de centralisation de l’industrie militaire mondiale est une autre confirmation : sur ce terrain l’Europe reste en retard parce que, comme nous l’a-vons toujours montré, la base nationale du capital ne peut être supprimée et que donc aucune politique étrangère commune ne peut être mise en œuvre de manière volontariste si ce n’est au delà d’actions de faible importance. Les vicissitudes de l’Euro, dont l’attractivité sur le marché des capitaux reste bien au dessous des espérances et des besoins des impériali-sme concurrents européens, confirment nos prévi-sions, et d’autres secousses ne manqueront pas de se produire quand l’augmentation de la concurrence sur le marché mondial imposera de nouvelles allian-ces et sélections en concomitance avec les périodes dictées par le développement de la crise. Si donc il peut y avoir une reprise, celle-ci ne peut être que fai-ble et spéculative, donc de brève durée au sein d’une phase de crise chronique. Le fait que la crise doive durer est confirmé par la centralisation croissante du capital, essentiellement dans les secteurs stratégiques que sont les communications, la chimie, l’armement, les matières premières, les banques: pour le seul pre-mier semestre 1999, 2500 opérations de fusion ont été réalisées pour une valeur de 411 milliards de dol-lars, a peu près autant que pour la totalité de l’année antérieure, et en augmentation de 68% par rapport au premier semestre 1998. Autre signe, celui du pa-rasitisme financier typique de la phase impérialiste du capitalisme, est l’estimation de la valeur de l’éco-nomie «réelle» mondiale exprimée en pourcentage des titres et certificats: 5 à 8 %.

Cette situation multiplie les occasions de conflits entre les états bourgeois, tous engagés dans l’exten-sion et le renforcement de leurs politiques de puis-sance pour défendre leurs positions sur le marché mondial des marchandises, des capitaux et des ma-tières premières ainsi que le contrôle des voies straté-giques – routes d’approvisionnement et de livraison

au détriment des capitalismes concurrents, em-ployant pour ce faire toutes les forces dont dispose la puissance nationale. La superstition longuement dif-fusée par la bourgeoisie impérialiste, selon lequel la démocratique coexistence des peuples organisés dans les états nationaux et la diffusion mondiale du bien-être (et volontiers via… Internet) vient du pacifique commerce, est constamment et toujours plus forte-ment démenti par les faits matériels : dans ce numéro – voir l’article sur la nécessité du communisme – nous citons L’Idéologie Allemande de Marx-Engels pour marteler les bases théoriques de notre orienta-tion, mais une banale confirmation est obtenue par la lecture non-superficielle des journaux, des statisti-ques sur le chômage, sur la concentration de la ri-chesse (et le très fort accroissement de la pauvreté), sur le nombre incroyable de ceux qui ne disposent même pas des conditions minimum d’accès à l’eau potable, à la médecine, à l’instruction et à une ration calorique suffisante. Des faits que la bourgeoisie ne cherche même plus à cacher, au point que pour en ré-duire l’impact elle les dilue dans un amas d’« i n f o r-mations de masse» destinées à raconter des bobards et abêtir la si courtisée opinion publique.

Sur le plan des rapports inter-impérialistes on note l’extension d’une situation de conflits ouverts gan-grenant certaines aires et démontrant combien nous sommes loin d’un équilibre dans les rapports de force tenant compte des exigences des différents capitali-smes nationaux. Dans les Balkans, après l’adoption par le Kosovo «sous protectorat» du Deutsch Mark comme monnaie officielle, la lutte souterraine entre USA et Allemagne continue avec toutes les armes possibles, de la diplomatie à l’assistance militaire et « humanitaire » des organisations non-gouverne-mentales parmis lesquelles se détachent les org a n i s a-tions turques (la Turquie se propose ainsi, une fois de plus, de servir à l’Amérique de levier de pénétration dans l’aire « n a t u r e l l e » d’expansion du capitalisme allemand). L’Asie centrale est une autre des aires ou se croisent (et se heurtent) les intérêts opposés des principaux impérialismes. Nous avons mis en évi-dence dans divers articles parus dans ce journal ces dernières années quels étaient les intérêts en jeu der-rière ces conflits, et nous y reviendrons plus ample-ment au plus tôt. Nous voulons souligner ici que dans la reprise de la guerre en Tchétchènie (avec ses prémisses au Daghestan, république constituant la clef du contrôle russe du Caucase du nord), il y a avant tout le rôle de la Russie en tant que puissance régionale, dans le jeu (et la répartition) des intérêts liés à la rente pétrolière et énergétique de la Caspien-ne, et du contrôle stratégique d’une aire faisant la soudure entre la Méditerranée et le Moyen-Orient. La reprise de la guerre est objectivement la continua-tion de la «paix» au Kosovo.

Le capitalisme dépasse la crise en en préparant d’autres, plus générales et plus violentes, et en rédui-sant les moyens de les prévenir. La terreur de la bour-geoisie réside donc dans la peur que le développe-ment et la gestation des crises n’apporte des aliments aux facteurs d’équilibre, aujourd’hui stables, entre les classes. Il n’y a aucun doute que le prolétariat est en-core, plus ou moins, mais surtout dans les grands centres impérialistes, immobilisé par l’encadrement opportuniste et nationaliste. Nous devons répéter qu’il s’agit d’un phénomène possédant des causes na-turelles sur lesquelles a pu se greffer, avec ses désa-streuses conséquences, la troisième et pire vague révi-sionniste que l’histoire du mouvement ouvrier ait connu. Dans ce contexte même les généreux et spon-tanés mouvements de protestation (y compris vio-lents) dans les pays des continents de couleur et en Amérique Latine ne pouvaient qu’être condamnés à la défaite ou rester prisonniers d’une politique «na-tionale» et donc des intérêts bourgeois ou petit-bour-geois locaux. Ces deux dernières décennies, la dyna-mique de la crise en Occident a certainement érodé les réserves et les positions politiques, mais à un ryth-me plus lent que celui que nous avions prévu ; dans tous les cas, cette inertie est un fait matériel et histo-rique qui pèse tant sur la forme que sur le temps né-cessaire à la reprise du mouvement des classes. Ceci confirme que la reprise du mouvement prolétarien est condamnée à repartir du point le plus bas de la spontanéité, devant récupérer un niveau minimum d ’ o rganisation et de lutte trade-unioniste. Ceci se re-flètera aussi sur la dynamique de la reprise des initia-tives classistes, qui se fera par à-coups, à travers des avancées et des reculs non linéaires, sur une période qui ne pourra pas être courte, même si la crise doit entraîner une accélération, et à des marges plus re-streintes par rapport aux dernières décennies pour les partis ouvriers bourgeois et l’opportunisme de gau-che. C’est dans ce processus que peut être poursuivie et obtenue ce qui pour la classe prolétarienne est le résultat le plus durable et historiquement gros de c o n s é q u e n c e s : selon les paroles de Marx «l’union toujours plus étroite des travailleurs» et les prémisses du renforcement et de l’approfondissement de l’in-stinctif heurt de classes qui oppose le prolétariat à la b o u rgeoisie et que la direction politique et théorique du Parti Communiste pourra transformer en énerg i e sociale dirigée vers les buts historiques et finaux du mouvement prolétarien. Si la reprise du mouvement prolétarien est, en fait, conditionnée par la rencontre entre la classe et le parti (qui n’arrive ni de manière «consciente» ni «mécanique» en vertus de facteurs purement objectifs, mais à travers un processus pour lequel, à côté des poussées matérielles, l’action org a-nisatrice et directrice du Parti devient tout aussi dé-terminante), seul le Parti Communiste pourra diriger les luttes spontanées que le prolétariat conduira pour la défense de ses conditions matérielles d’existence, en les transformant en lutte politique pour la de-struction du système capitaliste et de conquête du pouvoir politique. C’est seulement par cette dynami-que que peut être défaite la tendance impérialiste de la guerre entre états et des destructions croissantes ; c’est seulement à travers ce processus, par lequel se réalise l’arme de la critique en critique des armes, à travers le heurt direct et frontal entre dictature prolé-tarienne et dictature bourgeoise, que le prolétariat pourra se hisser au niveau de ses tâches historiques et briser la spirale d’infamies et de misères du capitali-sme. C’est ceci la matérialisation du spectre qui ter-rorise la bourgeoisie, et pour lequel nous travaillons, nous tenant à une distance sidérale tant des étroites contingences des «hommes politiques» de l’actualité que des sirènes des raccourcis faciles au fond desquels on entrevoit toujours le marais bourbeux de l’inter-classisme petit-bourgeois et bourgeois .

Parti communiste international

(Internationalist Papers - Cahiers Internationalistes - Il Programma Comunista)

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