CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI: La ligne qui va de Marx à Lénin, à la fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'Italie (Livorno, 1921), à la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénerescence de l?Internationale, contre la théorie du "socialisme dans un seul pays" e la contre-révolution stalinienne, et au refus des froints populaires et des blcs partisans et nationaux; la dure uvre de restauration de la doctrine et de l'organe révolutionnaires au contact de la classe ouvrière, en dehors de la politique personnelle et électoraliste.


Le retour sur la scène du conflit israëlo-palestinien qui s’effilochait en une languissante série de provocations réciproques émanant des très bourgeois gouvernements de l’état israëlien et de l’Autorité Nationale palestinienne, tous deux préoccupés par une exigence unanime de contrôle social de leur prolétariat domestique et de celui de l’adversaire, n’est qu’une preuve de plus de l’impossibilité de trouver quelle que solution que ce soit -dans le cadre du système actuel- à un équilibre politique dans cette région qui soit en mesure de procurer une issue moins incertaine et misérable que celle d’aujourd’hui pour les milliers de réfugiés et de pro-létaires palestiniens qui sont concentrés dans ces zones et qui représentent une mine flottan-te pour toutes les bourgeoisies moyen-orientales, arabes et juive. Les trêves diplomatiques momentanées et compromettantes qui se sont succédées ces dernières années, e Camp Da-vid I aux “accord” d’Oslo et de Wye Plantation ne pouvaient constituer une exception à ceux de Camp David II jusqu’aux “invitations verbales” de Sharm el-Sheik, véritable décla-ration d’impuissance camouflées sous de fumeuses déclarations verbales des chancelleries di-plomatiques respectives cordonnées par la médiation intéressée de l’impérialisme américain. Le dépassement définitif de toute question nationale résiduelle en Palestine, qui mettait à l’ordre du jour du développement historique la consigne au prolétariat et aux masses pales-tiniennes de lutter pour une “patrie” qui leur soit propre aux côtés de la bourgeoisie natio-nale, s’est manifesté de façon patente, sur le théâtre même des opérations, lors du Septembre Noir d’Amman (1970), même si ce tournant avait déjà commencé à s’esquisser depuis de nombreuses années déjà. A Amman, en Jordanie (nation artificielle créée par l’impérialisme anglo-saxon et peuplée pour les deux tiers voire davantage par des palestiniens qui occupent les échelons inférieurs de l’échelle sociale et matérielle vis-à-vis de la communauté bédouine qui contrôle les appareils de l’Etat et jouit d’un niveau de vie élevé), où le mouvement pa-lestinien -même s’il est dirigé par des franges nationalistes bourgeoises et petites-bour-geoises inconséquentes- avait une forte base de masse et une organisation qui était devenue représentative dans les luttes de défense matérielle contre l’exploitation sauvage et la misère noire, l’OLP, plutôt que d’orienter la lutte des masses insurgées contre le régime de Hussein, pactisa d’abord avec lui et après avoir négocié son départ de la ville, rendit possible le mas-sacre des insurgés. “Le destin tragique du Moyen-Orient - écrivions-nous à cette occasion dans “il programma comunista” n. 17/1970 -est de s’agiter sans cesse dans le lit qu’on pré-paré et construit à ses dépens les intérêts cyniques, féroces et brutaux de l’impérialisme. Il est une mosaïque non pas de nations (lesquelles n’existent ni en dix exemplaires réduits ni, encore moins, en un seul exemplaire plus grand), mais d’Etats jaloux de leurs minables inté-rêts et qui sont tous cousus dans la même toile que, de temps en temps, telle ou telle grande puissance a entaillée en disputant à sa rivale les puits de pétrole et les champs de coton, alors que chacun de ces états délirant une fantasmatique indépendance déniée par sa dépendance bien réelle par rapport au marché mondial, ou aux fournitures d’armes des puissances mon-diales, enivré d’orgueil et servilement soumis tel un pion insignifiant au maître du moment, dirigé par une pseudo-bourgeoisie avide et vampirique ou par les restes de trésors remontant à des millénaires marqués par le tribalisme et même pas par le féodalisme; tous au service d’intérêts aux dimensions planétaires, et de puissants encore plus cyniques que leurs propres dirigeants; aucun d’entre eux n’étant annonciateur d’un nouveau mode de production, et moins encore d’un nouvel ordre social.” Nous ne pouvons nous attarder ici sur le processus de formation nationale et de constitution des états du Moyen-Orient, zone névralgique à la charnière de trois continents, et qui a dé-buté avec l’écroulement de l’empire ottoman et a été redessiné par les impérialismes domi-nants à partir de la fin du 1er conflit mondial sur la base de leurs intérêts dictés par le pillage impérialiste, la conquête et le contrôle de nouveaux marchés et de nouvelles sources de ma-tières premières stratégiques; il s’agit d’un processus que la fin de la Iie guerre mondiale a ac-centué, malgré la présence des mouvements de libération nationale qui commençaient à se d é v e l o p e r, avec la naissance de l’état d’Israël en 1948: avec cet état se créait le pivot du dis-positif de contrôle américain sur la région, et tout comme sa constitution sanctionna la sub-stitution par la domination de l’impérialisme américain de la puissance anglaise en déclin, son expansion territoriale progressive refléta les années de croissance de cette domination aux dépens de concurrents anciens et nouveaux à qui il ne restait rien d’autre à faire que de débla-térer pitoyablement derrière la feuille de figuier de résolutions de l’Onu à la valeur absolu-ment nulle. En attendant de revenir sur ce sujet, nous renvoyons au travail du Parti paru dans les n. 12 et 13/1965 de “programma comunista”, intitulé L’habituelle Babel du Moyen Orient. Dès cette époque nous étions en mesure de mettre en relief l’impuissance chronique et les in-conséquences des bourgeoisies ex-coloniales, au-delà des déclarations officielles de “fraternité réciproque” et des projets de “panarabisme” qu’ils proviennent d’en haut ou d’en bas. “Grâce à l’intervention combinée des deux vainqueurs principaux de la seconde boucherie mondiale -écrivions-nous dans le premier des deux articles de 1965 cités ci-dessus - la révolution anti-co-loniale du Moyen-Orient, comme cela est d’ailleurs le cas ailleurs, a enregistré des effets ré-volutionnaires inférieurs à ceux qui auraient été souhaitables pour des raisons historiques gé-nérales et pour le développement même des pays concernés. Une révolution bourgeoise qui “aille jusqu’au bout”, est, à l’époque de l’impérialisme, encore plus irréalisable que par le pas-sé si les nouveaux pouvoirs qui ont remplacé les anciens ne sont pas portés par de grandioses mouvements des masses exploitées et ne s’appuient sur la force armée de ces mêmes masses. Dans les pays du Moyen-Orient de nombreuses monarchies féodales se dont donc transfor-mées sans grands remous en monarchies bourgeoises et continuent à gouverner sous de nou-veaux oripeaux. Mais même là où la monarchie a été remplacée par la république, l’évène-ment doit être davantage considéré comme le fruit de révoltes militaires restreintes que com-me celui de mouvements politiques de masse.” Au Moyen-Orient, on n’a eu donc affaire, et c’est le premier point, à aucune révolution bourgeoise radicale et profonde et les “liens avec les centres de l’impérialisme mondial privent la bourgeoisie locale de toute autonomie, tandis que sa politique de “non-alignement” [il est fait référence ici à la politique pseudo-socialiste de N a s e r, n d r] signifie uniquement qu’elle peut osciller tantôt d’un côté tantôt de l’autre au gré du bipolarisme est-ouest”. La période 1967/1970 peut être considérée comme la période cruciale où éclatent les abcès qui s’étaient accumulés précédemment et où les problèmes non résolus qui s’étaient noués exigent à nouveau le recours à la guerre pour être résolus: “Quelle indépendance et quelle paix peuvent donc espérer -écrivions-nous dans “programma comunista” n.11/1967, à l’époque de la “guerre des six jours”, en soulignant à quel point l’enjeu était représentée par les intérêts et des positions de force nationales et internationales de l’impérialisme -des pays p a r-courus par des oléoducs qui sont les artères sanguines de la piraterie capitaliste mondiale et dont les dirigeants - bourgeois parvenus, nouveaux riches ou nobliaux semi-féodaux - ont tout intérêt à se vendre à ceux qui détiennent les clefs des coffres-forts du monde entier, en volant à leur voisin, même s’il s’agit d’un frère de race, ce que leurs bailleurs de fonds et pa-trons agitent devant leurs yeux d’insatiables chacals?” Depuis l’immédiat second après-guerre, la diplomatie américaine, soutenue par son propre appareil militaire et de renseignement pléthorique, a été très active dans la promotion d’ini-tiatives visant à consolider toujours davantage l’influence qu’elle avait acquise dans une ré-gion dont le rôle dans la rivalité inter-impérialiste prenait une importance toujours plus grande. “Aux gangsters du dollar - cf. “programma comunista” n.14/1958 -ce qui importe avant tout c’est d’empêcher la formation du grand Etat unitaire qui fait partie des aspira-tions du mouvement pan-arabiste, et par conséquent de sauver les alliances militaires qui sont l’obstacle principal à l’unification des peuples du Moyen-orient ... Les pays arabes se trouvent actuellement dans les conditions dans lesquelles se trouvait l’Italie du Risorg i m e n-to. Un même peuple parlant la même langue, professant les mêmes us et coutumes, ayant derrière lui une évolution historique indivisible se trouve morcelé en une douzaine d’Etats ... la revendication de l’unification étatique, réunification qui fut en d’autres temps la bannière des Garibaldi, des Kossuth et des Bolivar, l’abolition du morcellement politique et du sépa-ratisme, est une revendication non communiste, non prolétarienne, mais nationale et démo-cratique. Elle ressortit entièrement à la révolution démocratique nationale bourgeoise. Le prolétariat conscient n’est pas intéressé par la formation de l’Etat national en elle-même, mais par le contenu de transformations sociales que cette évolution implique. Ce qui l’inté-resse c’est le débouché dialectique de ces “puissants facteurs économiques” que Lénine ana-lysait comme entravés et gelés par les structures politiques anachroniques qui se perpétuent dans les pays semi-féodaux et arriérés”. Si un mouvement national-révolutionnaire armé conséquent pouvait donc déchirer la toile que le jeu des accords et des conflits inter- i m p é-rialistes continuait à tisser et seule une telle perspective aurait justifié un appui de la part des masses prolétariennes, en fonction non pas, bien entendu, de l’équilibre international mais du développement historique de l’ensemble du mouvement prolétarien à l’échelle in-ternationale. Quand la solution passe de la force des armes à celle du droit et des conférences démocratiques où les accords diplomatiques s’échafaudent sur la table à dessin et avec la ba-lance comptable du brigand le plus puissant, le recul de mouvements de cette sorte est in-évitable et toute solution qui jaillit sur de telles bases se révèle réactionnaire. “Comme nous l’avions prévu sans difficulté -pouvions-nous écrire quelques mois plus tard dans le n.16/1958 - la question du Moyen-Orient, transportée sur la plan des tractations diploma-tiques, a trouvé son épilogue dans les manigances le plus cyniques et risibles. Manigances entre les jeunes Etats arabes surtout. Craignant de perdre des clients (ce qui vaut en parti-culier pour le producteurs de matières premières d’importance mondiale, comme l’Irak, la Tunisie, le Maroc et ainsi de suite), divisées par des conflits d’intérêt et de tradition histo-riques, soucieuses de ne pas perdre le contrôle sur des masses déchaînées et peu sûres, prêtes à s’incliner devant le premier banquier “charitablement” disposé à leur fournir de l’oxygène en argent sonnant et trébuchant (et ceci vaut pour toutes), ces bourgeoisies jeunes et avides jurant sur le Coran ont mis de côté leur “anticolonialisme” purement formel en troquant le retrait des “soldats étrangers” contre l’entrée triomphale d’espèces non moins étrangères: en faisant leurs -elles qui se prétendent porteuses de la guerre sainte révolutionnaire - les prin-cipes de la “non-ingérence”, du “respect réciproque de l’intégrité et de la souveraineté na-tionale”, bref de la défense d’un statu-quo qui est aussi l’expression et le produit de la domi-nation impérialiste, le revers de la médaille de cette aspiration proclamée à un Etat arabe unitaire qui s’étendrait de l’Asie occidentale à toute l’Afrique du nord”. Dans un tel contexte, où les intérêts économiques et politiques des pays impérialistes se dé-veloppent dans une dynamique tendant avec une force toujours plus grande à phagocyter les intérêts des jeunes bourgeoisies nationales du Moyen-Orient en les attirant dans leurs champs d’influence respectifs et en les enrôlant toutes ensemble dans la défense des exi-gences du capitalisme mondial contre la pression des masses arabes déshéritées, et avant tout les masses palestiniennes, la naissance de l’Organisation pour la Libération de la Palestine, avec une organisation de type diplomatique et étatique propre et la dotation d’une org a n i s a-tion militaire faisant fonction de police intérieure et extérieure visant à soutenir l’activité diplomatique et les tractations de la direction, apparaît immédiatement comme la naissance officielle du comité d’affaires et de représentation de la bourgeoisie palestinienne aux exi-gences de laquelle sont et seront par conséquent toujours subordonnées les initiatives spon-tanées des masses des camps de réfugiés et celles qui sont disséminées dans les différents pays de la région et contraintes de vivre partout dans des conditions misérables. L’activité de l’OLP a toujours été celle d’un organisme gouvernemental d’une classe bourgeoise nationale, par ailleurs veule et contrainte par l’inconséquence des rapports de force internationaux qui l’avaient pourtant engendrée et auxquelles elle devait se sentir liée: les incessantes étapes et les divers marchandages de la tristement célèbre résolution n°242 de l’Onu (1967, appelée “la terre en échange de la paix”, qui devait sanctionner le retour aux frontières existant avant juin 1967 par la renonciation d’Israël aux territoires de Cisjordanie, de Gaza et du Golan oc-cupés à la suite de la guerre) jusqu’à la constitution de l’Autorité Nationale Palestinienne (qui aurait dû, précisément cette année, sanctionner unilatéralement la naissance de l’Etat palestinien, alors qu’elle s’est retirée la queue entre les jambes dès que les impérialismes les plus puissants, Russie comprise, ont refusé de donner leur consentement à une telle “unila-téralité décisionnelle”!) sont les phases d’un parcours linéaire à l’intérieur duquel il n’y a pas d’espace pour les exigences matérielles des prolétaires palestiniens. “La solution diploma-tique -écrivions-nous dans le n°2/1988 de ce journal - se réduirait à la création d’un mini-Etat à l’intérieur des frontières militairement occupées par les Israëliens, une entité non viable condamnée à une perpétuelle dépendance politique et économique par Rapport à Is-raël et à la Jordanie, un Bantoustan version moyen-orientale que seule l’insurpassable hypo-crisie bourgeoise pourrait faire passer pour l’équivalent d’un homeland, ou pour la réalisa-tion du “droit des Palestiniens à l’autodétermination”; une sinistre pantalonnade qui ne ser-virait qu’à perpétuer les raisons non pas de paix, mais de guerre, dont la région tout entière est affligée. Quiconque -parti ou organisation -prétend manifester sa “solidarité” avec les Palestiniens en se faisant dans le même temps le porte-parole de “solutions” de cette sorte (et tous les partis démocratiques ont cette prétention), est un traître à la cause pour laquelle il prétend se battre. Ce n’est pas un hasard si c’est pour telle solution que manœuvrent les diplomaties de la moitié de la planète porteuses de plans divers et souvent antithétiques, mais tous inspirés par le souci d’empêcher que le Croissant Fertile ne devienne tôt ou tard le théâtre d’explosions non seulement politiques mais sociales, et d’assurer aux impéria-lismes alliés ou concurrents dont dépendent les zones d’influence concernées la part de ga-lette propre à satisfaire leurs appétits économiques, politiques et militaires”. Si les évènements d’Amman en 1970 avaient permis une pleine visibilité d’un phénomène déjà inscrit dans ses éléments génétiques, c’est-à-dire la confédération de fait entre l’OLP et les bourgeoisies arabes et israëlienne contre les masses prolétariennes de la région, l’histoire se serait chargée d’en sanctionner matériellement la portée en diverses autres occasions, dans lesquelles le prolétariat, toujours lui, a dû payer par un bain de sang le fait d’être appelé à s’immoler pour des objectifs qui ne sont pas les siens. Dans la vil-le de Tall El Zaatar, en 1976, l’héroïque résistance du prolétariat libanais et palestinien sou-levé pour défendre ses conditions de vie fut réprimée dans le sang par l’armée syrienne et par les troupes phalangistes avec la collaboration active de la marine israëlienne qui contrôlait les accès à la mer et de l’armée de l’OLP qui n’intervint pas au nom du “droit de non-ingé-rence”, c’est-à-dire pour obéir servilement aux diktats imposés par les exigences du main-tien des bons rapports de voisinage et de rapports diplomatiques “constructifs”. En 1982 eut lieu le massacre des camps de Sabra et Chatila perpétré par l’armée israëlienne en conclu-sion du siège de Beyrouth, après que les forces de l’OLP eurent laissé le terrain à la “force de paix multinationale” envoyée par l’Onu, nouvelle démonstration de la façon dont, pour la b o u rgeoisie palestinienne, paisiblement installée dans le commerce et d’autres activités lu-cratives menées dans les divers Etats arabes dans lesquels elle s’était intégrée, le contrôle so-cial du prolétariat était désormais devenu depuis longtemps l’objectif prioritaire à pour-suivre, objectif auquel répondait la revendication calculatrice de l’indépendance nationale, par ailleurs toujours plus marchandée au cours de jeux diplomatiques pacifiques bilatéraux ou multilatéraux et, après le désaveu officiel de tout recours à la violence et la réciproque re-connaissance de fait avec Israël, réduite à une pure et simple opération commerciale territo-riale où dans le prix final est inclus la couverture du coût consenti pour le contrôle des masses palestiniennes toujours plus déshéritées. La reconnaissance par les vautours de la di-plomatie internationale de la soi-disant Autonomie Palestinienne, formant comme une série de taches sur un territoire comprenant la bande de Gaza et quelques parties de la Cisjordanie et entouré d’implantations israëliennes défendues par l’armée, n’était certes pas de nature à interrompre cette spirale de sang et de misère pour les masses pauvres palestiniennes, qui s’est poursuivie sans solution de continuité jusqu’aux récents évènements qui ont fait suite à la provocation, orchestrée par les Israëliens, de la visite de Sharon sur l’esplanade des Mos-quées le 28 septembre dernier. Et, pour confirmer l’importance de l’OLP pour l’ensemble de la bourgeoisie moyen-orientale ainsi que la fonction de chair à canon dévolue aux plèbes palestiniennes martyrisées par leurs propres dirigeants, on ne peut oublier un épisode très éloquent à ce propos: à l’occasion des très dures représailles militaires de l’armée israëlien-ne, à la suite du lynchage des deux réservistes israëliens capturés par la population palesti-nienne, le quartier général de l’Onu et l’”ennemi” Arafat ont été avertis trois heures avant l’attaque par le commando militaire israëlien afin qu’ils puissent se mettre tranquillement à l’abri et poursuivre la comédie des mensonges, tandis que la population civile était sauvage-ment bombardée. Toute issue à la question palestinienne, dans le cadre des rapports économiques et sociaux actuels et dans l’optique du maintien du statu-quo, ne pouvait et ne peut être que fictif et illusoire. Les faits se sont chargés de le démontrer et on a tout de suite trouvé le prétexte (par exemple le désaccord sur le statut de Jérusalem-Est, ville qui - en tout état de cause - plus que pour des raisons religieuses est importante en raison de sa nature de centre névralgique pour toutes les grandes voies de communication et de circulation aussi bien pour la bour-geoisie israëlienne que pour la bourgeoisie palestinienne). Israël ne pourra jamais renoncer volontairement à l’occupation de territoires considérés “utiles” pour ses ressources vitales - en premier lieu l’eau - et pour des exigences de contrôle militaire, et par conséquent n’abandonnera pas sa politique de marginalisation et de discri-mination des Arabes qui vivent à l’intérieur de ses frontières, car cette soumission est fonda-mentalement liée à l’appétit de plus-value du capital israëlien. L’OLP de son côté, ne peut re-noncer totalement à chevaucher le tigre de la création d’un nouvel Etat artificiel, en raison de la pression toujours plus vive que la crise économique exerce tant sur les masse palestiniennes que sur les commerces et sur les profits des classes moyennes et petites bourg e o i s e s .

Pour les autres pays arabes, Jordanie en tête, l’exigence prioritaire est celle de circonscrire les mouvements généreux des masses pauvres, soit en les contenant autant que possible en dehors leurs frontières, soit en déviant leurs énergies et en les dirigeant sur le terrain reli-gieux ou national. C’est la peur de la contagion entre masses prolétariennes affamées et ex-ploitées qui pourraient faire tomber l’une des têtes couronnées qui a imposé les conclusions du sommet du Caire du 21 octobre, après que la “trêve” verbale de Sharm-el-Sheik eut été aussitôt démentie sur la peau des jeunes arabes envoyés à la boucherie. L’appel provenant du sommet, à une “intervention de l’ONU pour protéger les Palestiniens” et la demande d’un “tribunal international qui enquête sur les actes criminels commis par Israël”, ne sont rien d’autre qu’une demande d’aide des bourgeoisies moyen-orientales à l’égard de la bourg e o i s i e mondiale en défense du statu-quo et donc de leurs propres régimes. Il faut de plus placer au premier plan, sans s’y arrêter -pour des raisons de place -, sur les ap-pétits de tous les pays impérialistes à l’égard du Moyen-Orient, la nécessité de l’impérialisme américain de renforcer son contrôle du front moyen-oriental après l’effondrement de l’impé-rialisme soviétique. Les USA, après la guerre du Golfe qui leur avait déjà permis d’augmen-ter leur propre contingent militaire préventivement stationné dans cette zone pour défendre le contrôle des intérêts pétroliers et financiers du capitalisme américain, se sont faits les por-teurs de l’alliance stratégique entre Israël et la Turquie, augmentant ainsi leur propre capacité de projection de force et de menace, alliant - c’est le nouvel axe de la stratégie yankee -la puissance militaire et le contrôle monopoliste des ressources hydriques de tout le Moyen-Orient. Mais étant donné que ce dessein produisait une aggravation de l’instabilité pour les pays de la zone qui entrent dans la “sphère de sécurité nationale américaine” (à commencer par la Syrie et par l’Iran qui commençaient à lorgner sur le capital européen, et en particulier allemand), l’administration américaine, après avoir pris acte de l’échec de la politique pré-cédente de “double containment” à l’égard de l’Iran et de l’Irak, a dû prendre en charge une activité de stabilisation en mesure de compenser cette politique: de là l’initiative d’accélé-ration des rythmes d’une pacification entre israëliens et palestiniens, qui représentait donc l’élément qui pourrait permettre à l’impérialisme des Etats-Unis de maintenir à distance les impérialismes concurrents à travers une sujétion philo-américaine des bourgeoisies arabes. En fait, la division des pays du Moyen-Orient, poursuivie avec l’appui financier, politique et militaire à l’alliance turco-israëlienne, pour être utile aux desseins de l’impérialisme USA devait être contrebalancée - ne serait-ce que pour renforcer la stabilité de l’axe et sa portée à l’extérieur de “son aire d’influence”, dans toute la région dénommée “Eurasie” - encore une fois par une intervention “modératrice”, visant à une plus grande implication et à une adap-tation aux politiques des USA de la majeure partie des pays arabes, tous plus ou moins contraints à dévier la pression de leur propre prolétariat par le recours à la rhétorique de la so-lidarité avec les Palestiniens. La faillite de cette tentative indique que la dynamique impri-mée par les forces matérielles de l’infrastructure économique de la société bourgeoise réus-sissent de moins en moins à être contenues dans le lit des “relations internationales” ordi-naires, dans une situation où la crise économique mondiale aiguise sur une échelle globale la rivalité inter- i m p é r i a l i s t e . Dans la phase impérialiste du capital, la bourgeoisie se trouve dans la nécessité de mener des guerres sans cesse plus destructives et menées essentiellement contre les masses proléta-riennes, d’abord dans les continents de couleur, puis dans les métropoles impérialistes elles-mêmes. Cette tendance irréversible ne peut être brisée que par la guerre de classe que le pro-létariat international, dirigé par son Parti, devra déclarer à la bourgeoisie mondiale toujours confédérée contre lui dans la défense de son domaine politique et économique. Aujourd’hui quand le cycle des luttes et des mouvements purement nationaux pour la Palestine et tout le Moyen-Orient est définitivement dépourvu de toute perspective historique, pour les masses prolétariennes palestiniennes existe une solution unique, qui contient également la possibilité du dénouement de l’oppression et de la discrimination nationale: la lutte pour la révolution prolétarienne internationale, à partir de la destruction de tous les Etats de la ré-gion, d’Israël aux différentes républiques et émirats arabes, et de mise en fuite des différents brigands impérialistes qui contrôlent politiquement et économiquement l’exploitation des masses du Moyen-Orient, lutte dans laquelle le prolétariat des pays impérialistes lui aussi sera contraint d’entrer par la force matérielle des choses et à laquelle le prolétariat du Moyen-Orient devra se joindre afin que la révolution puisse triompher à l’échelle mondia-l e . Notre adresse d’aujourd’hui aux prolétaires palestiniens ne peut donc être que celui que le Parti leur envoyait il y a trente ans, tout de suite après le massacre d’Amman, que nous re-produisons avec les mêmes mots qu’alors et avec une haine encore plus forte, si possible, contre cette société en putréfaction: “Les fedayns expriment la colère sacro-sainte de plèbes martyrisées sous le rouleau compres-seur de la “paix” bourgeoise. Mais que peuvent-ils attendre de l’héroïsme de leur désespoir? Eux-mêmes sont le produit d’un jeu infâme mené sur le dos et sur la peau de populations conquises ou perdues aux dés par le capital dans son harassante course à la domination du monde: est-ce que “la Palestine aux Palestiniens” l es“ sauverait’ davantage que ne les a “sauvés” la Jordanie? Ils sont les martyrs d’un drame collectif; ils ne peuvent -et ce n’est pas leur faute - le résoudre dans le cadre et avec les moyens de la société qui l’a voulu et qui le veut. Ils n’ont ni ‘frères’ ni ‘cousins’ dans les états voisins ou lointains sur lesquels ils ont la naïveté de compter, ils n’en n’ont pas au Caire ni à Damas, ni à Moscou, ni à Pékin. Ils auront des frères le jour où les prolétaires d’Europe et d’Amérique, des métropoles du “pillage” mondial, auront cessé de se prosterner honteusement derrière leurs faux bergers devant le mythe de la ‘paix’, du ‘dialogue’, d’une ‘solidarité’ faite de misérables implorations et de pé-titions larmoyantes et, s’étant libérés eux-mêmes du double joug du capital et de ses laquais opportunistes, assumeront avec une joie fraternelle la tâche de donner, eux qui ont hérité non pas des excessives infamies mais des quelques conquêtes durables de la société bour-geoise enfin défunte, à ceux qui n’ont jamais rien eu. Ils auront des frères le jour où le Moyen-Orient ne connaîtra plus ni Jordaniens ni Libanais, ni Syriens ni Irakiens, ni Egyp-tiens ni Saoudiens, mais des prolétaires qui auront fait sauter toutes les frontières, qui au-ront reconnue comme fausse et mensongère toutes les patries, qui auront vu en face leur en-nemi de classe et non de “race” ou de “nation”, et se seront rassemblés en un seul “peuple”, c’est-à-dire en une seule armée de “sans ressources”, pour faire place nette des sbires et des voleurs locaux et étrangers, qui d’aventure se repaissent encore de leurs malheurs! Il ne dé-pend pas de nous, et nous regrettons plus que jamais de devoir l’avouer, que ce lendemain ne soit malheureusement pas aux portes du jour présent. Soit nous préparons ce jour-là, soit les massacres se poursuivront, la blessure se gangrènera, la trêve sera ce qu’elle est depuis un demi-siècle - une agonie atroce. Il est temps, il est grand temps de le comprendre, prolé-taires, avant que l’heure ne soit, une fois de plus à leurs canons! Plus que jamais, vous n’avez rien à perdre et tout un monde à gagner”(1).

1 “Il n’y a pas de voie de salut, dans le cadre de l’ordre existant, pour les victimes du cannibalisme im-périaliste”, dans “il programma comunista” n°17/1970.

Parti communiste international

(Internationalist Papers - Cahiers Internationalistes - Il Programma Comunista)

We use cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site web. Certains d’entre eux sont essentiels au fonctionnement du site et d’autres nous aident à améliorer ce site et l’expérience utilisateur (cookies traceurs). Vous pouvez décider vous-même si vous autorisez ou non ces cookies. Merci de noter que, si vous les rejetez, vous risquez de ne pas pouvoir utiliser l’ensemble des fonctionnalités du site.