CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI: La ligne qui va de Marx à Lénin, à la fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'Italie (Livorno, 1921), à la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénerescence de l?Internationale, contre la théorie du "socialisme dans un seul pays" e la contre-révolution stalinienne, et au refus des froints populaires et des blcs partisans et nationaux; la dure uvre de restauration de la doctrine et de l'organe révolutionnaires au contact de la classe ouvrière, en dehors de la politique personnelle et électoraliste.


Par le terme de «globalisation» (tellement à la mode aujourd’hui, comme si il s’agissait d’un phénomène nouveau) on doit comprendre un processus que le marxisme a cerné dès ses ori-gines comme une tendance caractéristique du mode de production capitaliste. A la différence du mode de production féodal (rigide et statique, avec des secteurs de pro-duction sans rapports les uns avec les autres, avec des échanges très limités, tout comme l’étaient les mouvements humains et ceux des marchandises), le mode de production capi-taliste est dynamique, il se base sur la recherche continuelle de nouvelles sources de matières premières et d’énergie, de nouveaux marchés, et il produit sans cesse ses propres limites et les frontières qu’il a lui-même fixées, attirant progressivement dans son orbite toutes les ré-gions de la planète. Ce dynamisme est contenu de manière implicite dès le début dans le capitalisme, alors que ce nouveau mode de production était tout juste en train de naître : il est bon de rappeler que la future nation capitaliste par excellence, à savoir l’Angleterre, commença à amasser ses ri-chesses (richesses destinées à constituer la base matérielle nécessaire au bond technologique et économique qui allait suivre) sur les mers, grâce à ses navires de corsaires et de pirates, com-me ceux de sir Francis Drake et sir Walter Raleigh ! D’autre part, on peut lire dans le M a n i f e s t e : «le besoin d’un commerce toujours plus étendu pour ses produits pousse la bourgeoisie sur la surface entière de la terre. Elle doit partout s’installer, s’établir, partout elle doit nouer des relations. (…) Elle impose à toutes les na-tions, si elles ne veulent pas être ruinées, l’adoption du mode de production bourg e o i s ; elle les oblige à introduire chez elles la pseudo-civilisation, c’est à dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se crée un monde à son image et à sa ressemblance». (Chap. I « Bourgeois et p r o l é t a i r e s » . ) Ce furent justement cette dynamique et ce chambardement constants, liés aux lois du profit, de la production et de l’échange, qui poussèrent inévitablement - et non pas à cause de la malveillance de tel ou tel homme politique ou (pis encore) de tel ou tel peuple -, le capita-lisme d’abord sur les routes du commerce des esclaves (en suivant le triangle Angleterre – Afrique – Amérique – Angleterre) puis vers le colonialisme et enfin vers l’impérialisme, que l’on n’a pas appelé par hasard «phase suprême du capitalisme». En fait, le capitalisme est global dès sa naissance, dans la mesure où il soumet à sa volonté le monde dans ses dimensions connues à un moment donné : à la fin du XVIIIè, il s’agissait d’un secteur qui coïncidait grosso modo avec l’actuelle Europe occidentale, au cours du XIXe le « monde capitaliste » correspondait alors à une bonne partie de l’Europe et des Amériques, et au XXè le grand bond fut effectué vers l’Asie et l’Afrique. Le tout naturellement accom-pagné d’une infinité de guerres (grandes et petites) plus ou moins sanglantes et destructrices, jusqu’au point culminant des deux massacres mondiaux et, aujourd’hui, -pendant que se dé-roulent des guerres pour le contrôle de secteurs et de répartition du marché -, à la préparation d’une prochaine boucherie inter- i m p é r i a l i s t e . Croire, donc, et faire croire que ce à quoi nous assistons aujourd’hui serait un phénomène nouveau, avançant à grand pas grâce aux … bottes de sept lieues de la « nouvelle écono-mie » et réclamant qui sait combien de nouvelles stratégies signifie – une fois de plus – prendre les gens pour des imbéciles et se faire prendre soi-même pour un imbécile. Ce qui est en train de se passer, dans un monde parvenu désormais à ses extrêmes limites et saturé de marchandises invendues, c’est justement la tentative désespérée du capital (en crise profonde depuis le milieu des années 70) de remise en branle de son processus d’auto-valorisation. Pour ce faire, le capital, fractionné dans ses composantes nationales par une féroce compéti-tion réciproque, mais intégré partout à l’échelle mondiale par les mêmes nécessités, les mêmes stratégies et les mêmes objectifs, le capital donc doit se livrer à une guerre sans mer-ci pour le contrôle des sources de matières premières et de leurs voies de transit, en plus du contrôle qu’il doit exercer sur les voies d’échanges et de commerce. Il doit chercher à accélé-rer et à intensifier le processus à travers lequel le travail « v i v a n t » (celui des hommes et des femmes en chair et en os) se transforme en «sur travail» et donc en plus value, en introduisant des technologies toujours plus sophistiquées (qui apportent avec elles le chômage à venir) et en contraignant au maximum la main d’œuvre active (flexibilité, augmentation des charg e s de travail, exploitation intensive des prolétaires migrants, des femmes et des enfants origi-naires de secteurs autrefois en marge des processus de production capitaliste et désormais to-talement intégrés dans ceux-ci). Voilà ce qu’est la globalisation, c’est à dire, voilà ce qu’est le capitalisme ! Toute tentative de le concevoir d’une autre manière cache le désir hypocrite de nier la réalité d’un mode de production qui est né sur ces bases, et qui devra mourir sur ces bases et à cause de ces bases et de son développement contradictoire. En fait, c’est précisément cette extension mondiale du mode de production capitaliste qui fait que, parallèlement, se crée un prolétariat mondial. Le capitalisme est fondé sur l’exploi-tation du travail « v i v a n t », humain parce que c’est de là (de la partie non payée de la journée de travail) qu’il tire la plus-value. Il ne peut faire autrement. Donc, exactement comme il révolutionne de manière incessante la réalité avec laquelle il rentre en contact, de même il ne peut faire autrement que de créer des prolétaires dans tous les coins du globe, en arra-chant des populations entières à la culture de la terre et à d’anciens équilibres sociaux, en les poussant vers des métropoles proches ou éloignées, en faisant tomber des barrières géogra-phiques, nationales ou culturelles. Et ceci n’est pas non plus un phénomène nouveau mais – comme on l’a dit – qui remonte à l’aube du mode de production capitaliste. Voilà pourquoi le marxisme a toujours affirmé que le prolétariat en tant que tel est interna-tional et internationaliste, non pas dans la conscience limitée de l’individu pris tout seul et modelé par l’idéologie dominante, mais dans son rôle nécessaire de classe, dans son rôle his-t o r i q u e . C’est le capitalisme même, par la dramatique réalité des conditions de vie et de travail qu’il impose, qui l’a rendu ainsi. Et il est de même évident que le capitalisme met en œuvre tous les moyens(communication, religion, appels au nationalisme, à la race et à l’ethnie, discours démagogiques des « p e t i t s contre les grands », compétition entre « tout le monde et tout le monde ») pour segmenter cette armée internationale, la briser et la désorienter, même si – malgré lui – il en grossit les rangs à chaque pas qu’il lui fait faire. Après plus de 70 ans de contre-révolution (pendant lesquelles la démocratie, le fascisme et le stalinisme se sont joyeusement donné la main, malgré les apparences, pour éloigner la me-nace de la révolution prolétarienne) le sentiment, l’expérience, le souvenir d’être une classe internationale avec des devoirs politiques internationaux ont été détruits, avec le parti qui les résume et en fait la synthèse. En tant que matérialistes, nous savons toutefois que la réalité est sujette à de continuelles transformations sous la pression de lois économiques et sociales et que donc cette identité de classe reviendra et reprendra son chemin, certainement d’une manière difficile et non-li-néaire, parmi les rangs de cette armée mondiale. Elle le fera grâce au travail conjugué des conditions objectives et subjectives : les premières sont contenues dans l’approfondissement de la crise économique (qui poussera des individus, des groupes isolés et au fur et à mesure des secteurs de plus en plus étendus de la classe ouvrière à se rebeller et à lutter), les secondes dans la présence et dans l’action théorique et politique du parti communiste international renaissant (qui représente la conscience historique, l’organisation et le guide du prolétariat m o n d i a l ) . Nous ne nous faisons aucune illusion sur le moment de cette rencontre entre les conditions objectives et les conditions subjectives. Nous savons que le temps est encore long et qu’il passera à travers des phases alternées et contradictoires, qu’il y aura des hauts et des bas, des avancées et des régressions. Surtout, nous savons que cette durée ne peut être réduite par des actes de volontarisme, si généreux qu’ils soient. Avec méthode, patience et assurance, nous travaillons à la préparation des conditions sub-jectives, du parti révolutionnaire, de ses cadres militants et de leur nécessaire renouvelle-ment générationnel, de sa présence aux côtés de la classe ouvrière dans ses luttes quoti-diennes, de son retour nécessaire sur la scène de l’histoire après 70 ans d’une contre-révolu-tiondévastatrice. Mais c’est le capital lui-même qui accomplit l’autre partie de la tâche : en envahissant préci-sément chaque coin du globe, en prolétarisant des masses importantes, en suscitant des contradictions à n’en plus finir, en accentuant sa propre crise à travers une compétition et une guerre commerciale de plus en plus acharnées. Les signes de mal-être croissant sont sous les yeux de tous ceux qui ne sont pas complète-ment abêtis par l’idéologie dominante : misère en augmentation, exploitation toujours plus bestiale des actifs et chômage qui s’accroît sans cesse, malaise dans l’existence collective, des-truction progressive de l’environnement, dégradation générale des conditions de vie, etc. Dans cette phase, alors que la force prolétarienne est encore absente, ceux qui finissent par occuper le devant de la scène sont ce que les marxistes appellent les « classes moyennes », un groupe de secteurs sociaux qui va des fonctionnaires à de larges secteurs de l’aristocratie ou-vrière. Ceux que justement l’instabilité et la précarité de cette phase de crise menacent et touchent de manière directe car elles promettent (et elles le font déjà en partie) de leur arra-cher les garanties et les privilèges qu’ils croyaient éternels. La « qualité de la vie » de ces « classes moyennes » se détériore, même si ce n’est pas d’une manière rapide ni dramatique : elle se détériore juste ce qu’il faut pour les pousser à faire entendre leur voix, pour les mobi-liser afin de défendre ce qu’ils ont ouà revendiquer ce qu’ils avaient. La « qualité de vie », la « l i b e r t é » de faire leurs affaires sans contraintes ni conditions, les équilibres d’une époque ré-volue, l’illusion de pouvoir être à l’abris des crises capitalistes, le petit paradis, le « petit c’est beau » et ainsi de suite. C’est de ce-bois là qu’est fait justement ce qu’on a appelé le « Mouvement de Seattle », front confus de secteurs et d’intérêts divers qui a effectué sa première sortie publique dans cette ville du nord-est des USA, sortie rapidement répétée à Davos, Washington et Gênes.

Et qui compte dans ses rangs des anarcho-syndicalistes des I.W.W (Travailleurs Industriels du Monde), des secteurs protégés de l’aristocratie ouvrière américaine organisés dans les grands syndicats du régime AFL-CIO (avec des positions ouvertement protectionnistes), des paysans français qui regroupent traditionnellement des instances chauvines, des représen-tants du Tiers-monde campant sur des positions de bourgeoisies nationales émergentes mais étranglées ou opprimées par les concurrents plus forts, des ouvriéristes ou autonomistes de toutes nuances dont la substance théorico-politique est réduite au slogan « se rebeller c’est j u s t e ! ». Le tout, faites bien attention, au nom de « règles plus justes », d’une « m e i l e u r e qualité de la vie », d’un «marché de meilleure qualité», d’une «globalisation moins sauva-ge», etc… -c’est-à-dire le typique réformisme naïf (ou hypocrite) des « classes moyennes » qui se serrent bien fort contre le mode de production capitaliste, mais qui voudraient qu’il ne soit pas si impitoyable dans ses lois de fonctionnement en fait, la varicelle sans les boutons L’agonie d’un mode de production désormais dépassé ne fera que susciter dans le futur d’autres mouvements semblables, d’autres réactions du même genre, aidés en cela par le re-tard historique du retour sur la scène mondiale du prolétariat révolutionnaire. Mais à cause de leurs caractéristiques mêmes, ces mouvements, ces réactions ne sont pas, ne peuvent pas être une réponse. Elles sont seulement un symptôme, complètement interne à la maladie et à l’agonie du capitalisme. Celui qui saisirait vraiment la trajectoire du capitalisme en crise, sa préparation à de futures boucheries mondiales, son processus de destruction désormais évident, devra se situer en de-hors de la maladie et de l’agonie, comprendre la nécessité historique de la destruction du ca-pitalisme et du passage à un mode de production supérieur. Et il devra donc récupérer l’in-tégralité du programme communiste, constitué non pas de poussées ou rebellions sans structure ni forme, mais avant tout d’une théorie et d’une science de la révolution et d’une

o rganisation politique en mesure de la conduire et de la diriger.

Parti communiste international

(Internationalist Papers - Cahiers Internationalistes - Il Programma Comunista)

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