CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI: La ligne qui va de Marx à Lénin, à la fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'Italie (Livorno, 1921), à la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénerescence de l?Internationale, contre la théorie du "socialisme dans un seul pays" e la contre-révolution stalinienne, et au refus des froints populaires et des blcs partisans et nationaux; la dure uvre de restauration de la doctrine et de l'organe révolutionnaires au contact de la classe ouvrière, en dehors de la politique personnelle et électoraliste.


La démocratie représente la meilleure enveloppe politique pour la naissance, le dévelop-pement et la conservation du capitalisme.

Celle-ci s’affirme en fait au XVIIIe Siècle en tant que revendication de l’égalité des indi-vidus et de la rationalité d’un monde régis par des lois identifiables. Cette revendication était la “forme” d’une “substance” désormais claire : à l’intérieur du mode de production féodal (rigidement et statiquement clos dans une structure hiérarchique et à secteurs de pro-duction), un mode de production nouveau (dynamique, agressif, ignorant les règles et les li-mites, mondial dans sa projection) était en train de germer.

Déclarer l’égalité entre les individus signifiait rompre avec les schémas paralysés et para-lysants de la structure sociale et économique médiévale, et affirmer un libre jeu d’associa-tion (du point de vue des contacts et des contrats, des explorations et des colonisations, du commerce et du marché). Déclarer la rationalité d’un monde régis par des lois identifiables arrachait la vie quotidienne au mystère de la grâce divine, et le livrait à l’étude, à la décou-verte, à l’invention qui à leur tour ouvraient d’autres voies à la société et à l’économie.

Ce fut un énorme pas en avant pour l’humanité. Mais les deux revendications ensemble s’arrêtaient alors devant des limites bien précises. Les individus égaux l’étaient seulement jusqu’à un certain point : la nouvelle société qui naissait de la mort de l’ancienne se basait sur une évidente division en classes et ceci impliquait par nécessité de profondes inégalités (sociales, économiques et culturelles).

Et l’affirmation de la rationalité du monde régis par des lois identifiables restait confinée au domaine des sciences naturelles, mais elle se gardait bien de faire le pas qui l’emmènerait plus loin : c’est-à-dire reconnaître que ces lois (d’airain et identifiables) régissaient aussi la s o c i é t é .

Il échut donc au marxisme – science du devenir social déterminée par les mêmes contra-dictions insolubles du mode de production capitaliste (et qui n’était donc pas né – le marxisme – de l’imagination de tel ou tel “rêveur aux yeux ouverts”!) – il échut donc au marxisme de faire ce pas : montrer l’applicabilité de lois identifiables pour la société humai-ne et analyser les causes de l’inégalité.

Mais ce faisant le marxisme retourna comme un gant la “démocratie” elle-même, en mit à nu la nature de “construction idéologique”, de “fausse conscience”, de théorie faite pour l’usage et la consommation de la classe dominante bourgeoise. Et ceci dès le Manifeste du P. C. de 1848.

Entretenir l’illusion selon laquelle, dans un mode de production fondé sur la recherche in-cessante du bénéfice, sur la compétition de tout le monde contre tout le monde, sur ce vrai et évident champ de bataille qu’est le marché, les individus seraient égaux et auraient tous la même possibilité d’entrer en compétition, de connaître, de vouloir et de faire, cette illusion-là a été pendant trois cent ans une arme formidable dans les mains de la classe dominante, elle a informé à son sujet tous les secteurs, tous les recoins de la vie collective plongeant sou-vent dans une paralysie ceux-là même qui n’étaient pas égaux aux autres : les exploités, les opprimés, la classe ouvrière, le prolétariat.

Le marxisme a toujours lutté contre cette illusion. Il a montré (dans la théorie comme dans les faits) que naître dans une société divisée en classes est déjà en soi une source d’inégalité.

Et que cette inégalité est soigneusement cultivée et conservée par tous les moyens de communication, par la culture et l’idéologie dominantes, par cet ensemble d’opinions, de lieux communs, d’habitudes mentales, d’inerties psychologiques qui – ayant leur origine dans le sous-sol économique et social et étant en rapport dialectique avec celui-ci – pèsent comme un rocher sur la classe exploitée et opprimée.

Le marxisme a toujours soutenu et démontré que la démocratie (cette divinité que la b o u rgeoisie voudrait voir vénérée pour l’éternité) est une tromperie et un instrument de do-mination. Et donc que les institutions politiques qui se basent sur elle (des plus petites aux plus grandes, des plus limitées aux plus larges, des comités de quartier à l’ONU) sont de terribles instruments de contrôle et d’encadrement des forces sociales.

Dans cette œuvre de démystification de la démocratie, le marxisme a eu un puissant allié : la société capitaliste elle-même ! Tandis qu’elle diffusait en apparence à plusieurs mains l’évangile de l’égalité et de la démocratie, elle le niait dans les faits mêmes. Le célèbre “libre marché” a été libre… l’espace d’un matin, c’est-à-dire quand il a aboli complètement les liens féodaux et arraché au servage de la glèbe les masses de “déshérités”, “libres” alors de vendre leur propre force de travail, mais en évoluant ensuite vers des forces centralisées et monopolisatrices, vers les énormes groupements financiers qui écrasent et détruisent au-jourd’hui toute illusion démocratico-individualiste !

La liberté de l’individu (sujet social ou économique, cela n’a pas d’importance) face aux lois (de droit ou de l’économie) est une mystification au vu de tout le monde. Tout comme l’est celle de l’autonomie de la culture ou – pire encore – de la culture comme voie pour une meilleure compréhension de sa propre place au sein de la société.

Et pourtant, ces illusions mortelles tiennent encore debout. Elles forment le tissu de connexions qui est la base de la société capitaliste. Elles sont la rhétorique apprise par cœur dès les premières années de vie et d’école. Elles représentent un acte de foi que l’on ne dis-cute pas, que l’on ne doit pas discuter. Elles acquièrent de la force lors de chaque conflit (toujours présenté comme “la lutte de la démocratie contre l’autocratie”) lors de chaque ren-dez-vous électoral (qui se tient toujours “pour la défense de la démocratie”). Et ceci au fur et à mesure que la société même se transforme de plus en plus en un mécanisme d’écrasement et de broyage des individus, de la classe soumise, de l’humanité tout entière. Plus elle devient fasciste et autoritaire (avec toutes les caractéristiques du fascisme, qui n’est pas seulement répression pure mais aussi et surtout construction du consensus) plus elle s’auto-proclame comme étant démocratique.

Notre courant – qui est affilié au patrimoine théorique et à la bataille politique de Marx et d’Engels, de Lénine, du PC d’I du début des années 20 – a toujours déclaré et démontré que “la démocratie est la meilleure enveloppe pour le développement capitaliste, que le fascisme et la démocratie sont des formes différentes mais convergentes d’une seule et même domi-nation de classe, que le fascisme achève l’œuvre de désarmement intellectuel et matériel commencé par la démocratie (avec l’apport fondamental de la social-démocratie), que le fas-cisme est l’instrument auquel le capital a recours lors de certaines périodes historiques pour défendre et consolider la démocratie !

Notre époque – celle qui s’est ouverte au lendemain de la deuxième boucherie mondiale – est celle de la victoire du totalitarisme politique, qui correspond au totalitarisme économique qui dérive de la structure de rapports bourgeois dans sa phase impérialiste, et ce tota-litarisme assume la forme ouverte de dictature fasciste ou celle plus insidieuse de contrôle démocratique. C’est l’époque des grands monstres étatiques et des gros colosses écono-miques et financiers qui dominent sans partage la scène mondiale.

C’est l’époque de la militarisation de la vie quotidienne et du consensus diffusé et artisti-quement élaboré à travers mille et mille réseaux.

Et donc, c’est l’époque où se gonflent le discours et la rhétorique démocratiques avec la plus grande virulence.

Les communistes révolutionnaires doivent donc continuer l’œuvre commencée il y a 500 ans : la lutte ouverte contre la domination du capital, “dans toutes les formes qu’elle assume sur le plan politique”. Dans la conscience que la forme démocratique, justement parce qu’el-le se fonde sur une illusion, est la plus insidieuse, est celle qui – hélas – paralyse encore les masses qui souffrent: ce qui pâtissent dans leur chair l’inégalité et l’exploitation, mais dont le cerveau est encore – et il le sera pour longtemps encore) rempli de cette illusion.

En période électorale – des périodes très longues désormais, et qui tendent – pas par ha-sard! – à occuper de plus en plus la scène capitaliste, en la gardant dans une sorte de fébrilité constante) il est urgent de saisir la mystification qu’est la démocratie et y opposer le pro-gramme du communisme. Ce programme peut s’exprimer seulement dans la théorie et dans la praxis, dans la tradition et dans l’expérience du parti communiste international.

En ce sordide aujourd’hui qui exsude de tous ses pores démocratie et souffrance, rhéto-rique démocratique et sang des masses affamées et opprimées, le mode de production capi-taliste (avec ses incurables contradictions) se montrera encore une fois comme… notre meilleur allié, en poussant vers notre parti ces individus, ces groupes de travailleurs, ces sec-teurs de classe, qui endurent l’exploitation matérielle et idéologique et qui réagissent contre elle. Qui perçoivent combien la rhétorique démocratique est depuis longtemps arrivée à son terme, et qu’elle doit être jetée enfin dans la poubelle de l’histoire.

Parti communiste international

(Internationalist Papers - Cahiers Internationalistes - Il Programma Comunista)

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