CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI: La ligne qui va de Marx à Lénin, à la fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'Italie (Livorno, 1921), à la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénerescence de l?Internationale, contre la théorie du "socialisme dans un seul pays" e la contre-révolution stalinienne, et au refus des froints populaires et des blcs partisans et nationaux; la dure uvre de restauration de la doctrine et de l'organe révolutionnaires au contact de la classe ouvrière, en dehors de la politique personnelle et électoraliste.


Il nous a semblé tout à fait opportun de republier les analyses et les commentaires que notre Parti a consacrés début 2009 à la lutte qui se déchaînait dans ces mêmes mois (Opération Plomb Fondu) et qui était un nouveau chapitre de la guerre interminable que l’Etat d’israël mène avec la complicité et la responsabilité directes de tous les Etats « arabes » de la région, une complicité qui jusqu’ à la « guerre du Kippour » et à l’agression libanaise s’exprimait comme une apparente opposition militaire, puis un dialogue diplomatique, pour finir par des accord politiques et économiques. Depuis l’ « Opération Plomb Fondu » jusqu’à celle qui est en cours actuellement sous l’appellation d’« Epées de Fer », rien n’a pratiquement changé, si ce n’est l’augmentation exponentielle de la puissance de feu qui s’est déchaînée dans la Bande de Gaza sur une population désarmée, dans un massacre qui ressemble désormais à un génocide.

L’Etat d’Israël, souvent considéré comme la plus solide démocratie de la région, confirme sa nature et sa fonction de gendarme contre-révolutionnaire.

D’autre part la bourgeoisie palestinienne n’a même pas été capable de se structurer en Etat; mais, avec son territoire divisé en deux bantoustans, elle s’enrichit sur l’exploitation d’une économie qui ne profite que de l’ «aide internationale » et elle cultive l’illusion d’une guérilla permanente. Même d’un point de vue seulement bourgeois, toute solution diplomatique («Deux peuples , deux Etats ») se révèle dramatiquement impraticable. Encore une fois il apparaît clairement que les « questions nationales » non résolues au milieu des années 70, c’est-à-dire au moment où les potentialités des mouvements anti-coloniaux se sont transformés en gangrènes contre-révolutionnaires qui sucent le sang d’un prolétariat enfermé dans des  illusions religieuses, patriotiques et nationales. C’est pour cela même que notre analyse de 2009 est encore tragiquement actuelle.

 

Ce qui a eu lieu dans la Bande de Gaza a été le plus vaste exercice militaire de chasse à l’homme, de tir au but et de décimation déchaînés contre le prolétariat palestinien dans ces quarante dernières années. Au moins mille trois cent morts, des milliers de blessés et de sans abri, des chars israéliens qui patrouillent du Nord au Sud, des avions et des navires qui bombardent le nouveau ghetto de Gaza, d’immenses champs de ruines: le terrorisme criminel de l’Etat d’Israel - un Etat qui du fait même de son histoire, représente l’avant-garde de la férocité bourgeoise et l’avant-poste impérialiste des Etats-Unis, au moment où la crise économique sévit à l’échelle mondiale, est le même terrorisme qui tôt ou tard s’abattra avec la même férocité sur le prolétariat international.

Il y a à peine quelques mois nous écrivions: « Les prolétaires palestiniens, assiégés à l’extérieur par des bataillons armés jusqu’aux dents, contrôlés à l’intérieur par les milices du Hamas, mis en état d’alerte permanent par les ‘missiles miniature’ et harcelés par les meurtrières incursions aériennes d’Israel, qui fauchent au hasard la population, continuent à reparcourir sans trêve l’enfer de leur tragédie. Malheureusement, aucun défaitisme révolutionnaire contre les interventions militaires et l’Etat policier n’est mis en avant  par le prolétariat israélien, indifférent et silencieux depuis de très nombreuses années, enfermé dans la défense de ses privilèges, incapable encore de briser la cage de fer de syndicats corporatistes au dernier degré et de la puissante machine du consensus national et religieux. Aucun acte de défaitisme non plus de la part du prolétariat arabe-israélien, encore incapable de se mettre debout, isolé et méprisé par les puissantes classes moyennes israéliennes, controlé également par l’opportunisme qui sévit dans ses propres rangs sous des formes religieuses et patriotiques. Encore moins d’actions de défaitisme de la part du prolétariat immigré ( chinois, philippins, thaïlandais, etc.) poussé par le besoin et encore trop jeune pour refuser le rôle de concurrent du prolétarien palestinien qui lui a été assigné. [...] Malheureusement aucun défaitisme révolutionnaire non plus contre le ‘comité d’affaires’ palestinien dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie de la part du prolétariat palestinien, qui ne réussit pas encore à se concevoir comme tel, de sorte que le théâtre  d’une patrie (autrement dit une prison nationale) à conquérir continuera à être renouvelé, mais toujours sur la même scène. Cette tragique actualité ne pourra être brisée que par le retour de la lutte de classe à l’échelle internationale dans les métropoles impérialistes, dont Israel est un pilier décisif au Moyen Orient» ("Gaza o delle patrie galere » « Gaza, ou  des prisons nationales », publié à l’origine avec d’autres textes de même sujet dans le n°1/2009 de «Il programma comunista»).

 .

Nous invoquions et nous invoquons donc le retour de la lutte de classe à l’échelle mondiale, car nous étions soutenus par la certitude indestructible  que le prolétariat saura sortir de l’impasse où il a été plongé par 80 années de contre-révolution. La crise mondiale actuelle nous conduira nécessairement dans l’ère des tempêtes et préparera les conditions objectives de la révolution prolétarienne. Ce qui se passe aujourd’hui et se passera dans les prochaines années sera dicté par cette nécessité historique. Il n’y a pas trente six mille chemins, et ceux-ci ne doivent rien au hasard. Ils sont sûrs, comme est sûr le besoin de la bourgeoisie de se conserver comme classe générale, dominante pour l’éternité, au prix du cannibalisme social et de la guerre générale. « Ou dictature de la bourgeoisie, ou dictature du prolétariat »: telle est la maxime inscrite dans le marbre du matérialisme historique.

La réalité palestinienne - que l’on présentait comme capable de devenir le détonateur de la transformation sociale au Moyen Orient, un mélange explosif greffé dans une question nationale prétendument non résolue (comme nous l’avons souvent répété et comme cela a été confirmé par les événements qui se sont succédé au Moyen Orient depuis la moitié des années 1970) s’est dramatiquement transformée. Le caractère prolétarien pris par les contradictions sociales dans la région se présente depuis des dizaines d’années de façon toujours plus explosive, en montrant définitivement que l’idéologie patriotique ne fait qu’alimenter une oppression sociale exercée non seulement par la bourgeoisie israélienne, mais aussi par la bourgeoisie arabe et palestinienne. Pensons ne serait-ce qu’aux 4,6 millions de réfugiés ainsi répartis: en Jordanie 1, 93 million, au Liban 416 mille, en Syrie 456 mille, en Cisjordanie 774 mille, dans la Bande de Gaza 1, 09 million - tous soumis à des restrictions, contrôles, répressions policières de la part des « gouvernements amis » officiels. Le prolétariat du Moyen Orient est désormais devenu partie intégrante du prolétariat international, comme cela est également confirmé par les énormes flux migratoires des dernières décennies - et l’alliance bourgeoise arabo-israélienne mène contre lui sa guerre de classe. C’est pour cela que dans cette tragique situation on ne peut pas demander au prolétariat moyen-oriental ce qu’il ne peut pas donner du point de vue révolutionnaire, si auparavant la lutte de classe ne se manifeste pas dans toute sa portée là où se trouvent le coeur et le cerveau de l’impérialisme, là où se trouvent les leviers de commande, c’est-à-dire dans les métropoles impérialistes. La lutte du prolétariat palestinien ne peut pas être enfermée dans des limites nationales: les rescapés du stalinisme et les anti-impérialistes petits-bourgeois qui en Occident continuent à demander qu’il se batte pour une nation populaire et démocratique, sous forme de la résistance patriotique, sont de vieilles canailles qui s’efforcent de détruire encore une fois le potentiel de lutte inhérent à la situation d’une classe qui n’a que ses chaînes à perdre.

Bien qu’elle soit en apparence si puissante, la bourgeoisie israélienne est aveuglée par sa propre intelligence politique, par l’idée qu’une quelconque volonté puisse surmonter tous les obstacles en tuant et en massacrant. Tout en voyant la misère sociale qui est en train de s’abattre sur elle, elle ne peut pas comprendre que le prolétariat ne peut pas être éliminé, que la « canaille » qui aujourd’hui emploie la terreur, finira demain par la détruire.  Ce ne sont pas le Hamas et la « cause nationale » qui résistent aux bombardements, comme le prétendent les « miliciens »: ce qui résiste, c’est le mur de marbre de la réalité du prolétariat, qui pourtant paie un prix énorme. Il ne restera à Israel qu’à étendre le front militaire où à pousser à fond le massacre, s’il veut éliminer le Hamas dans l’immédiat; sinon il sera à nouveau contraint d’accepter la énième trêve et d’aggraver ses propres conditions d’existence et sa « sécurité ». Avec la trêve Hamas démontrerait, aux dépens des prolétaires, sa vocation dictatoriale bourgeoise. Si son organisation était éliminée, le scénario général de la lutte de classe ne changerait pas, parce que le véritable protagoniste, bien qu’il ne soit pas conscient de la réalité présente, est le prolétariat, et que rien ne peut changer ce fait. Et pourtant ce qui sera décisif, ce sera seulement la rencontre entre le parti de classe et le prolétariat. Et ce, non seulement au Moyen Orient, mais avant tout dans les métropoles impérialistes.

Nous ne perdons pas l’espoir que dans cette situation terrible, le prolétariat moyen-oriental pourra trouver la force d’échapper aux rets de l’opportunisme qui l’emprisonnent. Nous souhaitons que, comme dans les grandes batailles du passé, il sache aligner les meilleurs combattants de sa cause, qu’il sache faire de la défaite hélas inévitable d’aujourd’hui le point de départ d’un avenir riche en victoires.  Comme dans le Paris révolutionnaire de 1871, comme dans le Petrograd de 1905, nous lui indiquons la voie, non de la capitulation et du désarmement, mais de la lutte révolutionnaire indépendante sur le plan politique et organisationnel, celle qui consiste à transformer la lutte sans espoir à laquelle le contraint aujourd’hui le Hamas, dans la grande lutte de classe révolutionnaire, pleinement consciente que battre un ennemi aussi puissant est un coup porté également à l’ensemble du front ennemi. Quand nous proposons à nouveau la nécessité du défaitisme économique,  politique, militaire, exercé par le prolétariat israélien, arabo-israélien, immigré et palestinien, unis dans toute la région, et surtout à l’intérieur de l’Etat d’Israel, nous ne rêvons certes pas de transformer avec un slogan l’actuelle offensive impérialiste en guerre civile ou de transformer automatiquement la lutte de défense économique en lutte révolutionnaire. Nous nous adressons à nos frères de classe, à une avant-garde de lutte aujourd’hui isolée et peu consciente, afin qu’ils puissent sortir du piège infernal d’un présent réactionnaire et reconnaître enfin le prolétariat comme unique classe révolutionnaire, en considérant comme close toute hypothèse nationale, et en réaffirmant la nécessité absolue de la dictature du prolétariat dirigée par le Parti communiste international.

 

Et pourtant cette indication programmatique, théorique et tactique serait une arme émoussée, si on ne l’articulait pas (dans le domaine de la lutte et de l’organisation) au vif de la gangrène dont émane l’infection réactionnaire répandue dans tout le corps du prolétariat mondial. C’est ici, en Occident, que le défaitisme économique et politique doit avoir le maximum d’efficacité.   C’est ici qu’il faut expliquer (avec patience, clarté et confiance) la nécessité de la lutte en défense de ses conditions de vie et de travail, remédier à la séparation nationale, seule voie pour passer à l’action de classe offensive. Il n’existe pas d’autre moyen pour défendre le prolétariat palestinien agressé, pour alléger sa souffrance, inscrire une trace profonde dans la mémoire de la classe, et remédier à la séparation nationale creusée dans le corps du prolétariat tout entier.

Sont nécessaires et urgentes toutes les formes de lutte qui favorisent l’organisation d’une classe unitaire et compacte; doivent être au contraire repoussées toutes les formes syndicales, grandes ou petites, qui défendent des intérêts corporatistes dans tous les domaines économiques, doivent être avancées des propositions défaitistes sur tous les terrains, pour contraindre l’ennemi bourgeois, où qu’il se trouve, à relâcher sa pression jusque sur le moindre secteur prolétarien en lutte; doivent être repoussés le pacifisme, l’appel au désarmement, l’immédiatisme anarchiste, moraliste et individualiste; doivent être proclamées et affirmées la nécessité et l’urgence du  retour sur scène du parti de classe révolutionnaire. Même si elle ne participe pas activement au massacre en cours, la bourgeoisie de tous les pays est co-responsable au premier chef, et c’est contre elle que doit être dirigée la guerre de classe. Nous adressons aujourd’hui au prolétariat palestinien notre solidarité de classe et le cri de bataille de ses frères de classe de toutes les parties du monde, avec les paroles  lancées par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, alors que le prolétariat allemand et international était conduit à la boucherie dans le premier conflit mondial: « L’ennemi à combattre est dans notre pays ! « 

Le matérialisme historique enseigne qu’au moment même où la bourgeoisie israélienne réalise autour d’elle la terre brûlée, elle affaiblit aussi ses propres  conditions d’existence, puisque celle-ci est fondée sur l’exploitation de la classe ouvrière arabe. La prolétarisation aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Etat d’Israel est arrivée depuis longtemps à maturité, et avec elle la misère croissante et l’attaque contre les bastions de sa richesse. A l’heure où la production capitaliste montre sa profonde fragilité, aucune trêve sociale ( ni entre les classes, ni sur les fronts ) ne pourra être durable, aucun territoire ne pourra être à l’abri des incursions et des agressions. Le moment de la mobilisation, du rappel des réservistes, du regroupement des troupes, des projets d’agressions, appartient au domaine des solutions illusoires à des contradictions désormais irrémédiables. Il ne s’agit plus de définir le parcours d’une trêve ou d’une « paix négociée », comme continuent à l’envisager les âmes pieuses à l’abri des chars israéliens, ni une division enfin réalisée entre deux (ou trois?) Etats: toutes les interventions allant dans le sens de la paix deviennent précaires et inconsistantes et ne sont que des palliatifs. Au moment où sévit la crise économique, le besoin d’affronter le problème politique de l’Etat d’Israel à l’échelle de toute l’économie du Moyen Orient devient pressant, parce qu’Israel n’est pas un corps étranger du Moyen Orient, mais est depuis longtemps une part essentielle du scénario général de l’impérialisme.  Quand l’heure sera venue, l’Etat d’Israel sera appelé à être l’un des principaux acteurs du partage du Moyen Orient: sans cela il n’est rien et continuera de n’être rien (il en est encore à définir ses propres frontières!) Le risque d’une faillite politique et économique de l’Etat d’Israel, dépourvu de ressources naturelles et dépendant de bourgeoisies arabes affamées de rentes et de profits, peut arriver, du fait de la crise économique, à un point de non-retour. S’il est vrai que le séisme économique n’a pas encore atteint un niveau catastrophique, c’est pourtant sur cette base fondamentale que l’on peut mesurer de façon réaliste l’action policière actuelle envers le prolétariat palestinien.

Si on observe au long cours, Hamas n’est pas le véritable objectif de cette énième agression, comme beaucoup au contraire le répètent. Hamas n’est qu’une justification contingente de peu de valeur, le résidu du nationalisme politico-religieux d’une bourgeoisie  parasitaire, soutenu par les « seigneurs des trêves et des paix » (avec paiement d’une assistance sociale) et des « rencontres au sommet », par les grands financiers arabes et par des intérêts économiques, politiques et stratégiques bien plus grands que le Hamas - tous gens qui se sont lassés de fournir des aides à crédit, à une époque où, avec la crise économique, le crédit a fondu comme neige au soleil. Le blocus économique auquel a été soumise la Bande de Gaza depuis que Hamas en a pris la direction politique et organisationnelle, risquait toujours plus de détruire sa propre existence; l’ouverture de la frontière avec l’Egypte a fait mûrir la nécessité de la fuite, la crise économique a réduit et est en train de fermer tous les « espaces vitaux »; les aides en provenance des pays arabes, les envois extérieurs du prolétariat palestinien diminuent. Il fallait sortir de ce piège, il fallait se débarrasser de cette fausse trêve. Abu Mazen, créature de l’alliance entre Israel et l’Egypte, en dénonçant la présence des tunnels, en empêchant la fuite des centaines d’exilés qui s’entassent à la frontière) n’est pas la solution: il ne représente qu’une bourgeoisie palestinienne corrompue et lasse de poursuivre un jeu à qui perd gagne, bousculée de partout par les protagonistes réels de la région moyen-orientale. De leur côté les frères de Hamas qui partagent le même « opium religieux » que lui au Liban (Hezbollah) ne peuvent jouer un rôle que si les objectifs sont limités, et ne constituent que des transitions entre deux trêves. L’ouverture du front libanais contre Israel serait de toute façon le signal d’une extension du conflit, dont le scénario ne serait pas écrit seulement  par Israel. L’affrontement entre les « frères palestiniens », les accusations lancées par Al Fatah contre Hamas (qui garderait en otage la population civile) et l’attente qu’Israel fasse le sale boulot à Gaza City pour y entrer sur les chars des militaires israéliens sont les aspects les plus sinistres d’une aventure qui en est arrivée à son dénouement.

Les récentes péripéties de vigoureuses luttes ouvrières et syndicales (dans le textile et le bâtiment, en particulier à Dubaï et au Caire), les grandes luttes pour le pain qui ont éclaté un peu partout dans le monde arabe, sont typiques du développement capitaliste. Les énormes masses de crédits capables de soutenir le capitalisme américain et européen dans l’angoisse, le prix des réserves pétrolières, qui a grimpé un maximum avant de retomber dans ses limites historiques, tout ceci révèle la fragilité de ce capitalisme de nature financière et parasitaire. Le panorama politico-stratégique est clair, pour qui veut voir: le marais irakien où s’est fourvoyée la grande armée « libératrice » des Etats-Unis, la reprise des escarmouches indo-pakistanaises, la témérité croissante des bandes bourgeoises afghanes, et l’envoi par les américains de nouvelles troupes dans le territoire, ainsi que la crise politique latente en Iran, témoignent d’événements qui sont destinés à s’aggraver de jour en jour. C’est dans cette direction de la dynamique historique que les événements de Gaza s’insèrent et s’insèreront, quelle que soit la conscience qu’en ont leurs protagonistes.

Que des troupes de  l’ ONU ou des pays arabes s’interposent aux frontières de l’Egypte ou de Gaza City ne résout aucun problème: au contraire cela montre qu’il n’y a pas d’issue. Que le Hamas  soit un interlocuteur valable, au sens où il reconnaîtrait le droit d’Israel à l’existence, cela ne change rien: le terroriste Arafat n’est-il pas devenu ensuite le père putatif d’Abu Mazen? Depuis la promenade de Sharon sur l’Esplanade des Mosquées jusqu’à la restitution de la Bande de Gaza à l’Egypte et de celle-ci aux Palestiniens, depuis le massacre de Sabra et Chatila au Liban jusqu’à la décolonisation de la Bande de Gaza opérée par le même Sharon, il n’y a pas de rupture, mais une simple continuité.

Ce qui alarmera le plus les gouvernements, si le bain de sang continue, ce seront les témoignages massifs de solidarité en provenance des capitales arabes (où se produira l’affrontement  sanglant entre les deux ailes nationalistes) et des nombreuses métropoles capitalistes (où réside depuis des années le prolétariat arabe immigré, en particulier palestinien. La situation d’exclusion à laquelle ont été contraints les prolétaires des différentes nationalités, l’agitation à propos du racisme et des différences religieuses (armes dont se sert largement la bourgeoisie) donnent et donneront aux mobilisations une impuissance et une faiblesse que les différents dirigeants religieux et nationalistes exploiteront, en alliance avec la  bourgeoisie locale, pour éviter la contagion de classe que ce lien instinctif  que ce lien instinctif locale, pour éviter la contagion de classe. Les gouvernements bourgeois feront tout pour rompre le lien instinctif avec les lointains prolétaires massacrés par des forces aussi puissantes: ce lien a aussi un rôle matériel à jouer dans la lutte, alors que la tempête de « plomb fondu »s’abat sur les habitations et sur les corps. Et nous comptons par conséquent  que ce lien instinctif des masses prolétariennes immigrées  dans les métropoles impérialistes saura lui aussi trouver la voie de la lutte de classe intransigeante, et non celle de la nostalgie d’une patrie impossible et du rêve d’une présence divine qui délivrerait pour toujours du joug de l’oppression. Nous ne sommes pas troublés par les manifestations sous le signe de la prière (n’oublions pas que la première révolution russe a commencé au nom de symboles religieux, mais qu’elle s’est vite transformée en lutte de classe révolutionnaire), de même que nous ne sommes pas troublés par les prises de position laïques, qui font plus de mal que les balles - pacifisme, appel au désarmement, réformisme avec ou sans armes -, qui sont tous fils de la même culture bourgeoise, jacobine ou romantique.

 

Si la profonde crise économique pousse le prolétariat au delà du mur de silence construit par la contre-révolution avec toutes ses variantes bourgeoises, de gauche et de droite, laïques et religieuses, si elle le pousse à ,prendre position en défense de ses objectifs historiques de classe, alors une première partie de la tâche révolutionnaire aura été accomplie. L’autre sera due à la présence du parti de classe, direction nécessaire du processus révolutionnaire menant à la prise du pouvoir et à linstauration de la dictature du prolétariat.

(NB: Alors que nous terminions cet article, il s’est avéré que l’espoir du Hamas d’être reconnu comme interlocuteur s’est éteint, la trêve, dit-on, sera unilatérale (Israel peut interrompre et reprendre le massacre quand et comment il le veut) , et au centre  des derniers pourparlers il y a les accords  entre Israel et les Etats-Unis (d’abord pour attaquer, puis pour mettre fin à l’attaque), contre la fourniture d’armes à travers les tunnels. Il paraît aussi que les USA n’entendent pas participer à la force d’interposition et de contrôle: qui recevra la pomme de terre bouillante? les Egyptiens? Abu Mazen? les Français si diligents? l’ONU? les Etats arabes? Israel propose une trêve sans limitation de durée (contre celle annuelle de Hamas !); et la Ligue Arabe ? Simplement deux mots en famille. Tout restera donc comme avant- a part ce millier de morts et ces nombreux milliers de blessés: femmes, enfants, civils. Nous parions qu’il y aura de l’argent pour la reconstruction, et que la bourgeoisie palestinienne (patrons du bâtiment et commerçants patriotes) se présentera ponctuellement à l’appel: le profit vaut bien un millier de morts. Et il ne fait pas de doute que les banques israéliennes ouvriront elles aussi les cordons de la bourse:  Affaires en vue! : il y aura du travail dans le bâtiment, il y aura de nouveaux amortisseurs sociaux et surtout une gestion politique (véritable chantage) des aides, il y aura beaucoup de bénédictions religieuses d’un côté comme de l’autre…Amen!

                                                                                   (il programma comunista, n.5-6/2023)

We use cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site web. Certains d’entre eux sont essentiels au fonctionnement du site et d’autres nous aident à améliorer ce site et l’expérience utilisateur (cookies traceurs). Vous pouvez décider vous-même si vous autorisez ou non ces cookies. Merci de noter que, si vous les rejetez, vous risquez de ne pas pouvoir utiliser l’ensemble des fonctionnalités du site.