CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI: La ligne qui va de Marx à Lénin, à la fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'Italie (Livorno, 1921), à la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénerescence de l?Internationale, contre la théorie du "socialisme dans un seul pays" e la contre-révolution stalinienne, et au refus des froints populaires et des blcs partisans et nationaux; la dure uvre de restauration de la doctrine et de l'organe révolutionnaires au contact de la classe ouvrière, en dehors de la politique personnelle et électoraliste.


Pour ce qu’elle nous dit, la séquence d’événements qui a caractérisé la  première moitié de 2023 doit être considérée et comprise dans son ensemble, sans isoler ses différentes composantes.

Après la grande flambée de la révolte des jeunes prolétaires d’Iran, filles et garçons, à l’automne 2022, qui a montré combien il est difficile pour l’Etat — bras armé de la classe dominante — de contenir la colère des exploités, au cours de ce  semestre une vague d’agitations syndicales a envahi la Grande-Bretagne, en touchant de nombreux secteurs du monde du travail. Peu de temps plus tard, la France a connu pendant plusieurs semaines des mobilisations massives contre la réforme des retraites et de puissantes agitations ont parcouru le monde du travail en Allemagne. Et  pour le moment nous pouvons nous arrêter là.

Dans tous ces cas, ceux qui sont entrés en lutte et sont descendus dans la rue ont été surtout (mais pas seulement) des travailleurs et travailleuses en quelque sorte « protégés », mais toujours plus menacés de perdre une partie des pauvres « garanties »  qu’ils avaient arrachées au cours du temps. Et il y a eu de fragiles tentatives d’instaurer, dans la lutte et non à froid, des organisations de base pour contourner le contrôle (toujours massif et finalement décisif) opéré pour affaiblir les protestations et les faire rentrer dans le rang) par de puissantes structures syndicales, largement intégrées dans l’Etat: fragiles ces nouvelles organisations, comme celle des « Angry Workers of the World« en Grande-Bretagne, les « Comités de soutien aux Sans-papiers » ou ceux des éboueurs en France, du « Réseau pour des syndicats combatifs » en Allemagne —organisés, avec toutes leurs limites, par les travailleurs les plus exploités, qui ainsi ont fait entendre leur voix et montré leur combativité.

Ensuite, en juillet, a éclaté la révolte des banlieues françaises: une révolte spontanée, plus individuelle que collective, qui a envahi non seulement Paris, mais nombre de villes même moyennes et petites, et qui a été le symptôme révélateur de la frustration et de l’oppression profondes d’un prolétariat jeune et marginalisé: un processus qui, tout comme le renforcement des systèmes d’ étroit contrôle et de répression ouverte contre les prolétaires, concerne tous les pays, avec des rythmes et des intensités peut-être différentes, mais visant toujours à défendre le statu quo en crise depuis des décennies, sans autre débouché que la préparation d’un nouveau conflit mondial dans lequel brûler et détruire tout ce qui a été produit en excès, ainsi qu’une quantité considérable de surpopulation prolétaire.

Eh oui, la guerre — ou plutôt les guerres, nous ne les oublions pas. En Ukraine, l’ »Opération Militaire Spéciale » (sic!) déclenchée par la Russie devient progressivement chronique  et se putréfie, sans que cela ne suscite des réponses classistes et défaitistes réelles et significatives dans l’un ou l’autre de ces pays. Cependant, dans l’Afrique subsaharienne, martyrisée depuis des décennies par les brigands impérialistes, on voit s’aiguiser les affrontements sur le cadavre désormais pourri du vieux colonialisme français (après le Mali, le Niger, et, de façon peut-être moins flagrante, le Sénégal et, plus récemment, le Gabon), également avec la complicité du processus de pénétration russe et chinois— un autre épisode, celui qui concerne le Niger et le Gabon, qui ne peut être vu comme une « révolte » contre un prétendu « néocolonialisme » (contrairement à ce que beaucoup de gens s’évertuent à  déclarer), mais qui est en réalité un nouveau chapitre de l’affrontement inter-impérialiste en cours, lui aussi depuis des décennies.

Dans l’Asie du Sud-Est sont encore ouvertes la « question de Taïwan »  et, plus généralement celle du contrôle militaire de la Mer de Chine Méridionale, tandis que plus près de nous, dans le Moyen Orient, qui  hébergea les » Missions de Paix » (sic!) made in USA, se poursuit impitoyablement le massacre de prolétaires palestiniens perpétré par l’Etat d’Israel avec la complicité plus qu’évidente des bourgeoisies arabes de la région, y compris la bourgeoisie palestinienne... Pendant ce temps le conflit entre les Etats-Unis et la Chine devient toujours plus évident et on assiste à des tentatives, pas toujours réussies, de la part de « jeunes » impérialismes (les « Brics ») de définir des alternatives concrètes aux équilibres qui ont dominé les longues décennies du deuxième après-guerre. Quant à l’Europe… eh bien, il est là aussi plus qu’évident qu’elle n’existe pas en tant que sujet politique unitaire; avec de surcroît une Allemagne, autrefois locomotive de pointe, qui aujourd’hui est entrée en récession…

Tout cela (et plus encore, car nous nous contentons ici d’une brève synthèse n’en déplaise  aux experts de » géopolitique » qui nous inondent d’analyses destinées à ne rien faire comprendre) se passe dans une planète qui se ressent visiblement des effets dévastateurs de seulement trois siècles de production pour le profit – ces phénomènes, depuis les catastrophes dites « naturelles» jusqu’à la pollution massive, l’ érosion et la dilapidation des ressources, la bétonisation déchaînée, et autres délices bien connues, mais on ne veut pas comprendre, ou mieux: on  dit tout, et on écrit sur tout, pour mieux cacher le lien direct de ces choses avec la façon d’agir du Capital, avec pour résultat d’alimenter une diffuse et impuissante angoisse existentielle, en particulier chez les jeunes.

Tel est donc le tableau d’un capitalisme mondial en proie à une angoisse destructrice et autodestructrice devant la crise de surproduction qui se traîne depuis la moitié des années 1970; d’une classe dominante occupée, dans ses différentes variantes nationales, à  se débarrasser le plus possible (comme elle l’a toujours fait dans toutes les époques de crise) des « branches sèches et improductives », à renforcer de toutes les façons  son contrôle sur son ennemi historique et à se préparer à un nouveau conflit mondial inter-impérialiste , tandis que  le prolétariat  est encore en grande partie étouffé sous le poids des décennies de contre-révolution qui ont détruit en lui non seulement le sens de sa force potentielle et la mémoire de son orgueilleux passé de lutte, mais aussi l’espoir d’un « monde nouveau »,  l’aspiration à une société sans classes.

Face à ce tableau qui dans les prochains mois pourrait connaître de nouveaux développements dramatiques  et une progression accélérée et  menaçante, il apparaît toujours plus clairement nécessaire de travailler à renforcer et à enraciner internationalement le parti révolutionnaire, c’est -à-dire une organisation politique stable, fondée sur des positions théorico-politiques et tactico-stratégiques solides, qui soient le fruit d’analyses approfondies et d’une longue expérience militante, une organisation qui sache relier tous ces éléments et les rattacher à leur racine profonde, la survie d’un mode de production condamné depuis longtemps par l’histoire, et ainsi propose à nouveau la perspective réelle de la prise du pouvoir et de la dictature du prolétariat, en indiquant aussi bien sa nature réelle que le chemin, long et complexe, mais nécessaire, pour les atteindre.

La solution des problèmes autour desquels se débat nécessairement la longue, désastreuse et sanguinaire agonie du Capitalisme reste urgente. Qu’est-ce que le Communisme, contre toutes les mystifications et les manipulations idéologiques dont la contre-révolution s’est nourrie jusqu’à plus soif depuis un siècle, et ce à tous les niveaux. Qu’est-ce ce que  la dictature du prolétariat, et quel est le rôle, en son sein, du parti révolutionnaire. Quel rapport dialectique doit unir le parti révolutionnaire et la classe prolétarienne dans le cours accidenté, fait d’avancées et de reculs, de ses luttes. Quelle doit être la structure politique et organisationnelle et quelles tâches théoriques et pratiques doivent être celles du parti révolutionnaire en tant qu’avant-garde militante du prolétariat. Qu’est-il arrivé au mouvement ouvrier et communiste mondial au cours du siècle dernier, au delà des récits faciles pondus par l’idéologie dominante à travers ses hommes de main opportunistes. Comment oeuvrer  de façon réaliste pour le défaitisme révolutionnaire dans les guerres en cours et surtout celles qui se préparent. Quel est le sens réel de la «  démocratie » et du « fascisme » dans la phase impérialiste du capitalisme, et  comment lutter contre l’un et l’autre. Qu’est-ce qu’implique, du point de vue de la stratégie révolutionnaire, la clôture définitive, au milieu des années 1970, du cycle des révolutions nationales et anti-coloniales.

Minoritaires et avançant contre le courant, nous avons pourtant répondu à ces problèmes et à bien d’autres au cours de dizaines d’années de lutte sans quartier contre le multiforme ennemi bourgeois, certainement pas dans un stérile exercice intellectuel, mais  au contact de notre classe, dans ses luttes et dans ses expériences positives et négatives, pour la préparer à la révolution, peu importe à quelle distance celle-ci peut apparaître et se trouver effectivement. Et nous continuerons à le faire, parce que c’est seulement autour de ces réponses que peuvent se regrouper de nouvelles générations révolutionnaires ayant vraiment l’intention, et pas seulement en paroles ou dans de prolixes exercices de rhétorique, d’en finir une fois pour toutes avec le vampire monstrueux qui s’appelle le Capitalisme. Mais cela demande un long et profond travail, comme le démontrent aussi bien les inerties qui freinent encore notre classe, que ses soudaines explosions, qui dans la situation actuelle, en l’absence de clairs et précis objectifs politiques indiqués par une présence et une action capillaire du Parti révolutionnaire, laissent peu ou pas de trace — et malheureusement produisent plus de la frustration qu’une expérience concrète positive.

C’est seulement de cette façon qu’il sera possible d’opposer notre programme (les objectifs historiques d’un prolétariat enfin révolutionnaire, objectifs vérifiés et confirmés à la lumière des leçons de la plus longue contre-révolution que le mouvement prolétarien et communiste ait dû subir) tant à la stupide outrecuidance de l’idéologie dominante qu’au rôle néfaste d’un réformisme qui, tout en ne pouvant plus compter comme autrefois sur les miettes répandues par un capitalisme en expansion pour illusionner les prolétaires, continue à jouer son rôle paralysant et castrateur, et de se libérer de l’étreinte obscène de demi-classes qui, en cherchant à acquérir une impossible identité sociale et culturelle, véhiculent tous les miasmes qui se dégagent du corps en décomposition d’un mode de production arrivé à son terminus historique et qui, ce faisant, le maintiennent encore en vie.

                                                                                                                                 Septembre 2023

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