Au cœur de la révolte des jeunes prolétaires des banlieues, qui faisaient face à la fleur de l’appareil répressif de la République française, un vieux et naïf manifestant tenait une pancarte où était écrit : « Désarmer la police ».
Une demande métaphysiquement absurde.
L’Etat n’est pas une entité préposée à l’organisation du « bien collectif ». Il est le « capitaliste collectif », qui exerce la dictature de la bourgeoisie, également en garantissant son monopole de la violence.
Seuls ceux qui sont abrutis par les romans et téléfilms noirs et policiers peuvent penser que les gendarmes (de tout type, couleur de peau, orientation sexuelle, ordre, grade, de tous les Etats, grands ou petits) sont l’organisation qui défend les faibles, les bons, contre les violents et les méchants !
Toute organisation de gendarmes, quel que soit le titre pittoresque que lui confèrent tous les Etats, est le corps préposé à défendre la propriété bourgeoise : c’est-à-dire le « privilège » de s’approprier et de se partager « l’appropriation privée » de ce que nous autres prolétaires produisons socialement ( c’est-à-dire tous ensemble) tandis que nous sommes utilisés par les forces productives monopolisées et défendues bec et ongles par la classe bourgeoise impersonnelle, dans ses entreprises, ses commerces, ses grands magasins, ses écoles… Et il est préposé à défendre l’ « ordre public », qui n’est pas la sérénité que nous désirons tous connaître dans un milieu social tranquille et bien élevé, mais le climat social dans lequel les infamies de la société du Capital (depuis la violence de la libre concurrence du tous contre tous jusqu’aux innombrables manifestations de l’aliénation et de la réification de nous autres humains contraints de vendre leur force de travail) peuvent continuer sans être dérangées, en tolérant seulement la critique du bougonnement, de la pleurnicherie et tout au plus de la proposition indignée et même violemment réclamée d’une réforme…
Nous autres révolutionnaires communistes internationalistes, nous rions de la revendication du « désarmement de la police » et nous travaillons afin que l’expérience des révoltes spontanées, sacrosaintes explosions de colère prolétarienne, mais qui ont malheureusement les limites de l’improvisation, engendre la nécessité du réarmement du prolétariat. Oui : nous demandons le réarmement du prolétariat, parce que nous ne nous contentons pas de saluer avec enthousiasme le bûcher des symboles du pouvoir. Nous savons que le chemin pour abattre le pouvoir bourgeois est encore long : donc le réarmement du prolétariat ne signifie pas que nous exaltions le réformisme armé, ni l’esthétique de l’attentat – il signifie l’organisation en classe du prolétariat en marche pour exercer enfin son pouvoir. Et ceci presuppose la présence réelle (théorique et pratique) du parti révolutionnaire, enraciné internationalement, un parti qui ait su garder le cap à travers des dizaines et des dizaines d’années de contre-révolution.
2/7/2023