CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI: La ligne qui va de Marx à Lénin, à la fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'Italie (Livorno, 1921), à la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénerescence de l?Internationale, contre la théorie du "socialisme dans un seul pays" e la contre-révolution stalinienne, et au refus des froints populaires et des blcs partisans et nationaux; la dure uvre de restauration de la doctrine et de l'organe révolutionnaires au contact de la classe ouvrière, en dehors de la politique personnelle et électoraliste.


Le déclenchement en février 2022 de l’ « opération militaire spéciale » de la Russie contre l’Ukraine a ramené la guerre impérialiste dans le sous-continent européen.

La crise de surproduction de capitaux, de marchandises et (hélas !) de prolétaires exalte la contradiction irrémédiable entre les forces productives et les formes dans lesquelles elles sont organisées par le mode de production capitaliste.

La vérité éclate au grand jour, et tandis que notre classe, paralysée et droguée par plus d’un demi-siècle de réformisme, de nationalisme, d’idéalisme religieux ou scientiste, revêtu et déguisé par un savant cocktail de démocratie représentative et de fascisme, a encore du mal à réagir et à reprendre en main les moyens, les méthodes et les objectifs de la lutte de classe, notre ennemie historique, l’impersonnelle classe bourgeoise, réagit comme elle peut et sait le faire : s’organisant dans les diverses formes des Etats nationaux, à l’intérieur de ses frontières elle s’efforce de combattre le processus interrompu de valorisation du capital au moyen de mesures économiques qui, au delà de l’exaltation technico-scientifique de la productivité, ne font qu’aboutir à une aggravation de l’exploitation. De plus, dans cette phase de putréfaction impérialiste, ces mesures économiques exaltent tout ce qui paraît augmenter la masse des profits et la circulation de l’argent, tandis qu’à l’extérieur elle intensifie toujours plus la recherche de nouveaux marchés et le partage des anciens.

Cependant, alors que dans la phase d’expansion économique aujourd’hui terminée, le conflit (qui dans les aires où le développement capitaliste est le plus récent s’est toujours accompagné d’une domination plus ou moins violente, comme l’a montré la tragique épopée de la décolonisation) le conflit, donc, a pu se maintenir dans des formes (commerciales, diplomatiques, culturelles) établies par les rapports de force définis par la fin de la seconde guerre mondiale raisonnables, l’ouverture du cycle des crises a tout remis en question.

Les alliances et les oppositions imposées par les vainqueurs, tout en contribuant à garder sous la menace des armes toutes les fractions de notre classe, se sont efforcées de masquer et de réfréner la loi inexorable du développement désordonné et inégal du capitalisme avec des résultats paradoxaux: les alliances imposées par les Etats-Unis (OTAN et OTASE) se sont révélées être des instruments de domination et de contrôle, et la fin de la « guerre froide » entre les deux principales puissances militaires a montré la fragilité impérialiste de la Russie stalinienne et post-stalinienne (révélée aussi par l’émiettement du Pacte de Varsovie et l ‘échec du COMECON, dont les Etats se sont révélés – et ce justement au cours de la « guerre froide » – être des aires de lente et continuelle expansion des Etats occidentaux), comme l’a décrite notre parti dans son analyse de la nature économique et sociale de la Russie en rapport au cours du capitalisme à l’époque impérialiste. Et la République Populaire de Chine s’est complètement modernisée et ne peut plus se maintenir à l’intérieur de son pourtant immense marché intérieur…

Le conflit, qui a encore le caractère d’une guerre impérialiste (conflit direct ou indirect, plus ou moins internationalisé, entre Etats pour défendre ou étendre une zone de contrôle de matières premières – et de masses prolétariennes et prolétarisées – , ainsi que d’exportation de marchandises et de capitaux), a en puissance la possibilité de se transformer en une véritable guerre inter-impérialiste (conflit généralisé entre fronts impérialistes opposés pour une répartition générale de tout le marché mondial).

Mais entre la puissance et l’acte il y a cependant une marge et une différence.

***

Tandis que les événements s’accélèrent, la vérité éclate aussi dans le domaine des groupes politiques qui voudraient représenter les intérêts du prolétariat.

Alors que toutes les nuances du réformisme bourgeois classique reprennent le mensonge de l’unité et de l’intérêt national, en oscillant entre un bellicisme déclaré et un pacifisme toujours plus actif et en les entremêlant, l’(in)volontaire opportunisme immédiatiste ravive l’illusion activiste selon laquelle, pour réveiller l’internationalisme et l’opposition du prolétariat aux guerres du capital, ce serait le moment de répondre à des invitations pour des rencontres et des congrès d’où sortiraient des appels à des « forces internationalistes mondiales » pas mieux identifiées.

Pour l’instant notre parti a reçu au moins trois invitations de ce genre, et nous les avons toutes refusées en leur opposant brièvement des raisons politiques qui résument ce que nous a appris, au cours de notre restauration de l’organisation révolutionnaire de classe, l’expérience de notre participation à la vie du prolétariat en tant que classe en soi.

Comme nous l’avons rappelé, notre classe est encore sous l’emprise de la bourgeoisie dans l’unité de la nation. Et, comme Marx l’a dit brièvement et même trop clairement, (« la classe ouvrière est révolutionnaire ou elle n’est rien »), justement elle n’est encore rien. La tâche des femmes et des hommes les plus combatifs qui en font partie est de s’unir dans l’organisation qui, dans les luttes et avec les luttes, révèlerait la classe à elle-même et la préparerait au processus révolutionnaire qui, à partir de ce rien qu’elle est aujourd’hui, l’obligerait à être tout.

Le Parti communiste ne s’improvise pas et n’improvise pas sa tactique. Le Parti communiste travaille toujours avec (entre autres) l’objectif d’arracher le prolétariat à l’étreinte mortelle de l’unité nationale.

L’aggravation des conflits ne nous prend pas à l’improviste et nous contraint, sur le plan politique, à poursuivre, avec toujours plus d’engagement en toute occasion, l’effort pour rompre la malédiction de l’intérêt national, de l’unité de la Patrie, et de l’Etat.

Contre les guerres du Capital, guerres entre Etats et entre fronts d’Etats, ou guerre de la bourgeoisie contre le prolétariat et contre la nature, on se prépare et on lutte bien avant l’éclatement des conflits, et les proclamations, les appels tonitruants issus de rencontres qui ne peuvent que se révéler comme des alliances politiques, ne sont pas autre chose qu’une nuisible rhétorique livresque, s’ils ne s’accompagnent pas de la pratique de la préparation révolutionnaire de classe.

Pour combattre contre la guerre du Capital, il faut commencer par combattre contre la paix du Capital, et sur la carte de la lutte de classe les étapes de celle-ci sont bien définies, de même que l’on connaît son point d’arrivée: par le développement du défaitisme prolétarien, transformer la guerre entre les Etats en une guerre sociale, une guerre civile au sein des Etats, et ouvrir le processus de la révolution communiste, de la constitution du prolétariat en classe dominante.

Le Parti n’a donc pas d’appels à lancer à d’autres organisations.

Le Parti appelle les avant-gardes des luttes prolétariennes à continuer, intensifier, étendre les luttes de défense économique et sociale qui sont de toute façon déjà en cours. Il contribue à les organiser toujours mieux, à l’intérieur des organisations existantes ou à l’extérieur, mais toujours contre leur direction et leur attitude d’unité et de communauté d’intérêts avec l’Etat.

Le Parti s’adresse aux prolétaires et à ceux qui ne supportent plus la désastreuse et catastrophique domination de la bourgeoisie, à ceux qui ressentent dans leur esprit et dans leur cœur la nécessité de combattre avec méthode et constance la dictature démocratique du Capital contre toutes les institutions, les instruments, les partis et les syndicats de tous les Etats, tous plus impérialistes les uns que les autres.

Le Parti travaille dans les rangs de sa (de notre) classe pour développer toutes les possibilités pratiques de:

  1. Organiser la lutte de défense des conditions de vie et de travail, pour attaquer radicalement les intérêts économiques et politiques de la bourgeoisie.

  2. Refuser d’accepter des sacrifices économiques et sociaux au nom de l’ « économie nationale ».

  3. Rompre ouvertement la paix sociale et revenir résolument aux méthodes et aux objectifs de la lutte de classe, ce qui est la seule réelle et réalisable solidarité internationaliste de notre classe prolétarienne, aussi bien dans les métropoles impérialistes que dans les pays périphériques de l’impérialisme.

  4. Refuser toute action complice de partisans (nationaliste, religieuse, patriotique, mercenaire, humanitaire, socialisante, pacifiste…) en faveur de n’importe quel Etat ou front d’Etats participant à la guerre.

  5. Réaliser des grèves économiques et sociales qui aboutissent à de véritables grèves générales pour paralyser la vie nationale et ouvrir la voie à des grèves politiques, capables d’affaiblir et d’empêcher toute mobilisation et toute propagande guerrière.

Ce n’est que sur la base de ces points pratiques fondamentaux que l’on pourra se préparer à repousser la misère, la douleur et les deuils qui frappent la majeure partie de notre classe. Celle-ci est sacrifiée sur les fronts et à l’arrière au nom de « patries » qui ne sont pas autre chose que des bandes de criminels qui ont pour but de perpétuer l’exploitation capitaliste – une exploitation qui en un peu plus de deux siècles est en train de miner les conditions de vie de notre espèce et de la nature dont nous faisons partie.

Ce n’est qu’en se réappropriant ces points fondamentaux (au cours de combats qu’elle est et sera obligée de livrer) que notre classe, l’armée immense de ceux qui pour vivre sont obligés de vendre leur propre force de travail, pourra reconquérir une autonomie de lutte par rapport à son ennemi historique, la bourgeoisie, et par rapport à la foule des demi-classes intellectualisantes et parasites qui la soutiennent, contre leur Etat et leurs institutions.

Mais c’est seulement si les avant-gardes de lutte de notre classe et les « traîtres » éventuels issus des classes dominantes s’organisent sur ces bases (et pas seulement sur les terrains, nécessaires mais limités, de la lutte syndicale, écologique, sociale etc.) et s’ils rejoignent et renforcent le parti de la révolution communiste, que nous pourrons nous préparer à mener des actions ouvertement antimilitaristes et de défaitisme révolutionnaire: c’est-à-dire à accepter la défaite de notre propre Etat et de ses alliés, à désobéir de façon organisée aux hiérarchies militaires, à déserter et fraterniser avec nos frères de classe (eux aussi piégés dans leurs propres « patries »), en tenant fermement dans nos poings les armes et les systèmes d’armes, d’abord pour nous défendre, puis pour nous arracher aux tentacules des institutions bourgeoises.

Le Parti est toujours et depuis toujours ouvert à la lutte, de même qu’il est toujours et pour toujours fermé au vain bavardage des analystes du dernier scoop, des disciples de la dernière mode sociologique, de ceux qui ne supportent pas la discipline nécessaire du travail collectif et anonyme pour la préparation révolutionnaire, de ceux qui poursuivent un succès facile. Et des créatifs auteurs d’ « invitations » et d’ « appels ».

Janvier 2023

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