CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI: La ligne qui va de Marx à Lénin, à la fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'Italie (Livorno, 1921), à la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénerescence de l?Internationale, contre la théorie du "socialisme dans un seul pays" e la contre-révolution stalinienne, et au refus des froints populaires et des blcs partisans et nationaux; la dure uvre de restauration de la doctrine et de l'organe révolutionnaires au contact de la classe ouvrière, en dehors de la politique personnelle et électoraliste.


"Toute la bande nord-africaine et moyen-orientale de la Méditerranée, de la Tunisie à la Syrie", nous écrivions il y a quelques mois, "est désormais devenue un unique champ de bataille – un croissant dévasté par la technologie la plus sophistiquée de la destruction – et quand les contradictions irrémédiables d'un mode de production à l'agonie devront se précipiter, là-bas, peut se déclencher un feu plus monstrueux que celui d'un conflit local ou de zone. Au delà de la Syrie, vers l'est, se trouvent d'autres champs de bataille actuels ou potentiels, jusqu'à cet Extrême-Orient, où, à peine en surface, sommeillent de nouvelles tensions qui pourront devenir ingérables". Les récents événements en Ukraine, en Syrie et en Irak, l'action de bandes armées qui ne sont autres que le bras militaire (la Légion Etrangère, manière de parler) pour les intérêts économiques et financiers non seulement locaux et l’énième intervention militaire d’une “grande coalition” euro-américaine (et arabe) ne font que confirmer cette analyse.

L'ensemble du monde capitaliste est en plein désarroi: l'impérialisme le plus puissant (les États-Unis) est en déclin évident, l'Europe est un patchwork des inévitables appétits nationalistes, la France d'une part et l'Allemagne de l'autre jouent et cherchent à jouer un rôle central: la première sur le plan diplomatico-militaire (l'intervention en Libye et au Mali, un premier arrêt aux négociations sur le nucléaire iranien), la seconde sur celle économico-politique; l'Angleterre joue le rôle, désormais historique, de la cinquième colonne de l'impérialisme américain, reflétant son propre déclin; combien de jeunes ex-rampants capitalismes (les BRICS) montrent déjà une décisive inquiètude. De plus en plus, chaque pays voyage à l'aveugle, à l'arme d'un désespéré: "Chacun pour soi!".

Très significatif, dans ce contexte, était l'irritation avec lequel le "vieux" capitalisme américain (suivi de près par la même UE) a critiqué le "jeune" capitalisme allemand parce qu'il... exporte trop. L'accusation donnée à l'Allemagne, à la fin d'Octobre 2013, dans le rapport sur les devises élaboré par le Trésor américain, est en effet d’avoir compensé l'austérité nationale par les exportations. Le quotidien italien La Répubblica du 1/11/2013 résume ainsi la question: "Pour tout le cours de la crise financière de la zone euro [...] l'Allemagne a maintenu un excédent important: en 2012, encore plus élevé que celle de la Chine"; et dans ce rapport est reporté comme suit: "Le taux anémique de croissance de la demande intérieure allemande et la dépendance sur les exportations ont entravé l'équilibre, à un moment où de nombreux autres pays de la zone euro ont subi une sévère pression pour réduire la demande intérieure et comprimer les importations, pour promouvoir le rééquilibrage. [...] le résultat net a été un coup de pouce à la déflation dans la zone euro, comme pour l'ensemble de l'économie mondiale ". La riposte allemande a été simple et prévisible: "Ne nous cassez pas les pieds! nous faisons nos affaires!": comme il convient à n’importe quel capital national engagé dans une vive concurrence sur le marché international.

Pour nous, communistes, c'est un signe beaucoup plus important que mille et mille révélations sur les faits et méfaits des services secrets de tel ou tel pays: ce «reproche» parle, en effet, de manière irrévocable la langue de la guerre commerciale qui, à l'avenir, annonce la guerre militaire. Dans cette perspective, elle s'inscrit non dans la "volonté de puissance" de tel ou tel pays ou dans la «folie paranoïaque» de tel ou tel gouvernement, mais dans la dynamique matérielle des lois qui régissent le fonctionnement du mode de production capitaliste. Le prolétariat mondial doit s'y préparer. Prolétariat mondial, nous soulignons: car le processus de prolétarisation s'est intensifié au cours des dernières décennies, également sous la pression de la crise économique et concerne désormais tous les coins du monde. Des énormes masses de désespérés en fuite de la guerre, la famine, la misère croissante se retrouvent sur les plages et aux frontières de la planète entière: de Lampedusa en Italie à El Paso aux Etats-Unis, de Ceuta en Espagne à Liverpool en Grande-Bretagne, de la frontière turco- ou libano-syrienne à celle d'Égypte et d'Israël, de l'Asie du Sud-Est à l'Est-Européen... Ils laissent et perdent tout, ils sont seulement des bras sur le marché du travail, cette gigantesque armée de réserve industrielle si précieuse pour le capital: elle abaisse les salaires et paralyse avec chantage les plus chanceux qui ont encore un lambeau de travail (lire: l'exploitation). Dans leurs propres conditions matérielles de survie, ils sont désormais, non seulement des sans-réserves, mais des sans-patrie qui errent d'un pays à l'autre, chassés et battus par "les forces de l'ordre", craints et détestés par les petites bourgeoisies nationales autant plus vaches qu'elles sentent perdre statut et pouvoir d'achat, opprimés par les Etats qui précisément à leur égard mettent à nu leur propre nature intrinsèque de gardes armés de la domination de classe: dans les faits mêmes de cette horrible tragédie de masse, leur «identité» (ethnique, nationale, religieuse) se dissout, diluée et rincée loin par les tsunamis du mode de production capitaliste.

Mais, sur le plan idéologique de la vie quotidienne, ces «identités» sont continuellement proposées à nouveau, reconstruites à dessein, célébrées avec la force par des classes dominantes nationales qui ont une longue expérience en matière de division et de création d'illusions et de mystifications, et alimentées par les forces bourgeoises et petites-bourgeoises, politiques et syndicales. Des classes dominantes qui savent bien que plus le prolétariat est divisé – le long des lignes d'ethnie, de religion, de nationalité, de sexe, d'âge, de localité, de lieu de travail, de “qui a du travail” et de “qui n'en a pas " –, plus le prolétariat est fragmenté, isolé, déchiré, et plus il est une classe en soi (une classe pour le capital, et donc avec tous les terribles stigmates du rapport capital-travail), plus leurs dominations restent absolue, plus l'extraction de plus-value (la loi inéluctable de la valeur et du profit) peut avancer sans relâche, plus le mode de production capitaliste peut continuer sa course, bien que chancelant, bien qu’ébranlé par des crises toujours plus aiguës.

L'internationalisme est donc d'une part une réalité incontestable: mais de l'autre, il reste un objectif à atteindre, sans lequel il est impossible de combattre cette continuelle fragmentation du prolétariat mondial en segments destinés à s'agresser et se prendre à la gorge dans une prochaine boucherie mondiale. Un internationalisme, cependant, qui doit recommencer à être, non plus un slogan rhétorique de défilés usants, mais une pratique quotidienne de la lutte , dans le refus immédiat et total de toutes ces directives (idéologiques, politiques, syndicales) qui tendent à le faire oublier ou même à le nier et ainsi repoussent le prolétariat, le brisent chaque fois en sections séparées et contre-opposées, en exaltant l'appartenance à telle ou telle nation (ou même fraction nationale, ethnique, religieuse) et célébrant les vertus passées, présentes et futures de la patrie (et nous voyons comment le centenaire de la première boucherie mondiale, la guerre de 1914-1918, sert à cette fin), et font passer avant toutes choses l'exigence supérieure de l'économie nationale en acclamant l'Etat comme un point de référence et ses bras armés comme des “gardiens bienfaisants”.

C'est seulement dans la pratique quotidienne de défense contre les attaques du capital (vendre cher sa peau, qui est la base de tout futur combat politique) et dans le contact constant avec la théorie et la praxis (d’organisation et de direction) du parti révolutionnaire, orientée vers la destruction de cette domination et donc vers la prise et gestion dictatoriale du pouvoir, que pourra recommencer à avoir vie, corps, voix et surtout force le mot d’ordre du “Manifeste communiste” de 1848: "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!".

 

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