CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI: La ligne qui va de Marx à Lénin, à la fondation de l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'Italie (Livorno, 1921), à la lutte de la Gauche Communiste contre la dégénerescence de l?Internationale, contre la théorie du "socialisme dans un seul pays" e la contre-révolution stalinienne, et au refus des froints populaires et des blcs partisans et nationaux; la dure uvre de restauration de la doctrine et de l'organe révolutionnaires au contact de la classe ouvrière, en dehors de la politique personnelle et électoraliste.


Tout le monde sait que la France, avec l’Angleterre, a été la plus active à vouloir fermement et provoquer l’intervention de l’OTAN « pour apporter la démocratie en Libye ».

Conscience sale, vraiment sale, celle  de la grandeur française, aujourd’hui représentée par Sarkozy, qui aspire à se montrer comme le leader européen : conscience très sale, et « avec un grand défaut de… mémoire » ( les points de suspension et les guillemets montrent que nous ne croyons pas aux défauts de mémoire de la bourgeoisie !). Et alors, aux prolétaires, auxquels au contraire et malheureusement, on a effacé de force la mémoire historique, nous allons rappeler ce qui arriva il y a exactement cinquante ans, dans la nuit du 17 au 18 octobre 1961 (et dans les quatre jours suivants), à Paris.

Nous sommes désormais à la fin de la « guerre d’Algérie » (les « accords d’Evian » seront signés en 1962). La puissance coloniale française, qui vient de perdre le contrôle de l’Indochine (1954), a conduit une guerre féroce, avec massacres, bombardements, assassinats, rafles, arrêts, tortures, contre le peuple algérien qui cherche à se débarrasser du joug de l’Etat français (on ne doit pas oublier que le cycle des révolutions nationales anti-coloniales est encore ouvert, et le sera jusqu’à la moitié des années ’70). C’est le Front de Libération National (FLN) qui est active en Algérie, et il a aussi des ramifications bien enracinées et répandues en France : là, il n’y a pas que l’armée et la police qui le combattent, mais aussi des formations mercenaires et paramilitaires comme l’OAS (Organisation de l’armée secrète). A Paris, surtout, où existe une grande communauté nord-africaine, les attaques et les intimidations sont quotidiennes.

Le préfet de police Maurice Papon, un type louche qui s’était déjà distingué pendant le gouvernement de Vichy et en Algérie (en 1998 il sera condamné pour « crimes contre l’humanité »), crée une force de police auxiliaire formée par des « harki » (musulmans algériens anti-indépendants) qui pratique systématiquement la torture ; de plus, il fait ouvrir le Centre d’identification de Vincennes, où les « suspects » peuvent être emprisonnés sans aucune accusations, et en 1958 il ordonne le couvre-feu pour tous les nord-africains à Paris. Les tortures, les dénonciations pour mauvais traitements et les disparitions mystérieuses se multiplient dans un silence impressionnant et significatif du monde politique et journalistique.

Pour le 17 octobre 1961, comme ultérieur instrument de pression sur les négociations en cours, le FNL appelle à une grande manifestation pacifique des algériens de Paris. Trente mille personnes répondent à l’appel : hommes, femmes, enfants, personnes âgées, familles entières. Mais la police est partout, la ville pratiquement en état de siège. A mesure que les manifestants sortent du métro de l’Etoile et de l’Opéra, ou descendent du bus à la Concorde ou sur les Grands Boulevards, ils sont systématiquement isolés, matraqués, frappés à la tête et au ventre par la crosse des fusils, arrêtés.

Sur le boulevard Bonne-Nouvelle, sur le pont de Neuilly, sur le Pont-Neuf d’Argenteuil, et en d’autres lieux, les policiers tirent sur la foule complètement désarmée et pacifique. Sur les ponts aux portes de Paris et sur le pont Saint-Michel, on jette directement dans la Seine de nombreux corps, grièvement blessés ou encore évanouis sous les coups. Il y a plus de dix mille arrestations – et, pendant quasiment quatre jours, ils sont emprisonnés au Palais des Sports, au Parc des Expositions, au stade de Coubertin, et au centre d’identification de Vincennes. Ce qui arrive, durant ces quatre jours-là, est terrible, et rappelle la brutalité sauvage réservée aux Communards prisonniers des bouchers de Thiers, en 1871 : tabassages, tortures, exécutions sommaires. Dans les jours suivants, la Seine en aval continue à charrier des cadavres de Nord-africains ; on trouve d’autres cadavres dans les bois tout autour de Paris. Les autorités déclarent qu’il y deux ou, peut-être, trois morts : les enquêtes suivantes, qui se heurtent à toutes sortes d’obstacles bureaucratiques et policiers, et qui voient les historiens et les journalistes indépendants tomber d’accord, ainsi que les journaux et les périodiques ultra-démocratiques commeTémoignage Chrétien, et les organisations comme la Ligue des Droits de l’Homme, parlent de trois cent- quatre cent morts, peut-être plus. Un massacre, une mattanza (1).

On pourrait faire bien des commentaires : sur la démocratie comme héritage du fascisme (aussi sur les personnes qui se recyclent d’un régime à l’autre), sur la violence qui est intrinsèque au mode de production bourgeois et aux régimes qui le représentent, sur l’hypocrisie écœurante des « discours politiques » bourgeois, sur le fait que – comme l’écrivait Marx en 1853 – la bourgeoisie n’a jamais fait un pas en avant « sans traîner les individus et les peuples dans le sang et la saleté, la misère et l’abrutissement ».

Liberté, égalité, fraternité. Avec la belle médaille du 17 octobre 1961, la bourgeoisie française se propose de nouveau aux déshérités du Nord Afrique comme « porteuse de démocratie ».

  1. Cfr. Jean-Luc Einaudi, La bataille de Paris, Seuil, 1991 ; cfr. Claude Liauzu, « Les pages déchirées de la guerre d’Algérie », Le Monde Diplomatique-Il manifesto, février 1999.

  2.  

 Communiste International 

(International Papers - Cahiers Internationalistes - Il Programma Comunista)


 

 

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